Il cultive son bonheur comme d’autres leur jardin. Jean-Jacques Prévôt est un cuisinier attachant, cueillant les joies du quotidien comme elles viennent. Heureux de la vitalité qui semble revenir dans « sa » ville de Cavaillon : « Le coeur de ville fait l’objet de soins particuliers », Jean-Jacques Prévôt en est l’un de ses plus grands thuriféraires. Fin observateur de la vie locale, il a ouvert son restaurant le 1er mai 1981. Un exploit pour ce jeune d’alors qui n’était jamais allé en école hôtelière et qui, fort d’un « apprentissage exceptionnel dans une maison avec une étoile Michelin d’Arras », a eu le courage de suivre la voie de son maître. Même à Cavaillon, la vie n’est pas un long fleuve tranquille et, après l’obtention du précieux macaron en 1992, Jean-Jacques Prévôt s’en trouve privé 5 ans plus tard. Mais sa bonne étoile ne l’a pas abandonné et revient en 2012. A 63 ans, Prévôt est un heureux grand-père : « Sacha a 18 mois, on ne peut pas imaginer mon bonheur, lance-t-il. Avec nous pas de télé mais beaucoup d’histoires et de jeux d’éveil ». Avant d’aller retrouver Sacha, Prévôt consent à un questionnaire de Proust… Forcément chaleureux.
Maison Prévôt, 353, avenue de Verdun, 84300 Cavaillon ; résas au 04 90 71 32 43. Menu déjeuner : 34 €. Formules 56 et 69 €.
Le principal trait de votre caractère ?
Je suis gentil, patient surtout (rires). Ça va ensemble non ? C’est ce qu’on me dit tout le temps.
Qu’appréciez-vous le plus chez vos amis ?
Le professionnalisme et la politesse, ça se perd un peu dans la génération qui arrive. je trouve qu’il y a beaucoup de jeunes sur le côté…
Votre principal défaut ?
Je peux être colérique à force de trop de patience.
A quoi perdez-vous votre temps ?
Je se nais pas perdre mon temps ; je suis un rêveur, dans ma rêverie j’écris des poèmes ou je fais un dessin.
Si vous n’aviez pas été cuisinier, qu’auriez-vous aimé faire ?
Ouh… Beaucoup de métiers… Antiquaire pour aller chercher les secrets et la qualité d’un meuble. Photographe, comédien… Beaucoup de métiers m’auraient plu, j’aurais pu être paysan ou garder les vaches.
Votre dernier livre et vos auteurs favoris ?
Je suis toujours dans des bouquins culinaires. Je lis quantité de livres de psychanalyse ou de psuchologie. Tout ce qui a trait aux sentiments me passionne. J’aurais voulu être psychanaliste.
Avez-vous un modèle ?
Oui. Quand j’était petit, j’étais omnubilé apr la beauté de Brigitte Bardot et par l’uniforme et la rigueur du général De Gaulle.
Qui sont vos compositeurs préférés ?
Pascal Obispo, Jean Ferrat et tous les chanteurs à texte, ceux qui ont quelque chose à raconter.
Y a-t-il des héros dans la vie réelle ?
Oui mais je n’ai pas leur nom là. Il y a un danseur qui est né dans un bidonville et qui est devenu étoile… Eh bien il continue à vivre dans le bidonville en dépit de sa vie de luxe et de beauté. Pour moi, ça c’est un héros du quotidien.
Quel personnage historique auriez-vous aimé être ?
J’aurais aimé être Tabarly pour gagner contre la mer.
Qu’y a-t-il de plus à droite chez vous ? Et de plus à gauche ?
De plus à droite ? Disons que je suis un meneur d’hommes, la créativité. A gauche, j’ai l’impression que je me sous-estime tout le temps.
Un restaurant pour partager un repas avec des amis ?
On irait en bord de mer pour une oursinade avec les copains et une bonne bouteille de vin.
Que faut-il vite changer ?
C’est un truc terrible, immédiatement il faudrait que cesse le non-respect de l’autre.
La cuisine, c’est sérieux ?
Ah oui, c’est un amusement sérieux. Qu’on soit maman ou cuisinier, on fait oeuvre de conscience.
Le plat ou dessert qui résume tout ?
Un gros chou à la crème avec une bonne couche de fondant et de la chantilly par dessus.
C’est important l’accessoire ?
Oui.
Un dernier mot ? Une devise ?
J’en ai toujours une sous le coude et il suffit qu’on me la demande pour que je l’oublie, je n’ai pas de mémoire. Se lever le matin avec la bonne humeur et la répandre autour de soi, c’est beau ça, non ?
Photos Ange Lorente