Ce petit fromage d’une centaine de grammes figure certainement parmi les chefs d’oeuvre gastronomiques des Alpes de Haute-Provence. Emmitouflé dans sa feuille de châtaigner qui transpire ses tanins, il figure en vedette sur tout plateau de fromages qui se respecte. Les Gallo-Romains, dit-on, étaient déjà friands de cette spécialité à l’image de l’empereur Antonin-le-Pieux qui en mourut d’indigestion en 161. Si l’anecdote prête à sourire, l’existence multi séculaire de ce fromage n’est plus aujourd’hui remise en cause. Longtemps, deux méthodes se sont opposées quant à la fabrication d’un banon : le caillé lactique et le caillé doux. Il semble que cette dernière prédomine sans conteste aujourd’hui. Pour fabriquer un fromage, un litre de lait cru, entier, exclusivement de chèvre est nécessaire. Ce lait est transformé sitôt la traite effectuée et maintenu à la température du pis de la chèvre (37°C), on y ajoute ensuite de la présure, et de la présure seulement. En une bonne demi-heure, le mélange se transforme en une pâte élastique que l’on moule dans des faisselles. Cette tome ainsi obtenue peut être trempée dans de l’eau de vie ou du marc de raisin et sera ensuite habillée des fameuses feuilles de châtaigner si caractéristiques.
L’affinage de 15 jours, dont 10 sous la feuille, à l’abri de l’air et de la lumière, confère enfin au fromage un moelleux et un caractère inimitable. Mais l’utilisation du raphia et de la feuille de châtaignier n’ont pas toujours été liés au banon ; ainsi, Morard, célèbre chef cuisinier marseillais, affirmait-il en 1886 que “ce fromage se fait à la fin septembre, exclusivement avec du lait de chèvre, et plié dans une feuille de vigne”. Pour à la fois garantir au consommateur une provenance, des méthodes de fabrication traditionnelles et veiller à l’authenticité du banon, une demande d’Appellation d’origine contrôlée a été demandée en 1993. Son obtention a permis d’empêcher la commercialisation de “banons” à base de lait de vache. Enfin, sachez qu’en dépit de son nom emprunté au village de Banon dans les Alpes-de-Haute-Provence, l’aire géographique de production du banon couvre les cantons de Laragne et Serre (Hautes-Alpes), Montbrun et Séberon (dans la Drôme), Sault, Apt, Bonnieux, Cadenet et Pertuis (en Vaucluse). Si vous passez par là cet été, n’hésitez pas à en acheter !
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