Une ferme. Ils ont choisi une ferme. La toute dernière de Marseille, sise à Tour Sainte, dans le 14e arrondissement. Un choix hautement symbolique d’une année qui sera tournée vers la terre, la mer, les paysans et pêcheurs, produit symbole de préservation du patrimoine. Ce 29 janvier, quelque 300 invités, des médias, des élus, des acteurs de la filière agroalimentaire, des restaurateurs et influenceurs ont été conviés à lever le rideau sur MPG2019, année de la gastronomie en Provence. C’était sur les terres de la ferme de Lionel Garnerone qui, avec sa soeur, Delphine, incarnent la 3e génération de paysans qui font battre le coeur de Tour Sainte (lire ci-dessous).
Sur la tribune, Martine Vassal, Gérald Passédat et Danielle Milon. Le silence se fait, c’est cette dernière qui parle en premier et prévient : « C’est un événement qui couvre tout le territoire (…) nous allons hisser haut des valeurs authentiques et identitaires » et la maire de Cassis scande le sigle MPG2019 comme le pouls de son « coeur qui bat pour la Provence ». Evoquant les notions de « tourisme transversal avec des modes de séjour qui s’entrecroisent, Danielle Milon annonce une année festive qui célébrera le produit local ».
Gérald Passédat lui succède : « Notre territoire devient un territoire gastronomique très important. Cela va au-delà des chefs étoilés, ici, on parle des produits et des producteurs. Aujourd’hui, Marseille doit gagner sa place de capitale importante de la gastronomie et ça doit se savoir dans le monde entier ». La salle applaudit, les sourires sont au rendez-vous. Le chef du Petit-Nice cite pêle-mêle les vertus de la pêche et de l’agriculture raisonnées et les valeurs « du régime crétois qui doit porter l’humain vers le meilleur ». Lançant comme un appel pour que Marseille fasse mieux que les Italiens ou les Espagnols, Passédat annonce en guise de courte allocution : « MPG2019 sera une marque importante pour les générations futures ».
Vassal annonce le programme
A tout seigneur tout honneur, Martine Vassal clôt le tour de table ; la présidente du conseil départemental l’affirme avec conviction : « La gastronomie, ce sont nos racines, nous nous appuierons sur l’ensemble des chefs et tous ensemble nous ferons réussir le territoire ». Assurant que la « Provence est extrêmement riche en produits de qualité mais ce n’est pas assez connu. Alors cette année servira à ça », Martine Vassal souhaite que MPG2019 soit « une année populaire d’échanges et de convivialité ». Entre autres infos, la présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône a annoncé le lancement de cette grande aventure collective le 20 mars avec l’opération #GoutdeFrance #GoodFrance, « et tout au long de l’année quelque 1000 événements seront organisés dans les villes, villages, musées et campagnes des Bouches-du-Rhône ». Martine Vassal a également annoncé un immense pique-nique en juin sur le Vieux-Port et la rue de la République qui deviendra rue de la Gastronomie. « A Aix, Arles, Pélissanne, Saint-Chamas, des dîners insolites seront servis » suscitant la curiosité et l’impatience du public.
Insistant enfin sur le devoir et l’importance de la transmission, Martine Vassal a affirmé que le « bien manger est fondamental et nous allons sensibiliser les jeunes à la diversité des goûts et aux produits typiques, nous allons mener des actions concrètes auprès des collèges en ce sens ». Sans oublier les liens forts qui seront noués entre les Min de Châteaurenard et des Arnavaux avec des créations d’emplois à la clef, Martine Vassal a rappelé que l’agriculture et la restauration pesaient respectivement pour 18 000 et 32 000 emplois dans les Bouches-du-Rhône. Sous un immense chapiteau blanc, à l’abri du mistral, à côté des maires de Trets et de Châteauneuf-les-Martigues, on croise Jérémy Scalia, le chef de l’hôtel de Tourrel à Saint-Rémy-de-Provence, Arnaud Lafargue, charismatique patron du café de la Banque à Marseille, le martégal Fabien Morréale et José Orsoni des Navettes des Accoules. Les talents, les énergies, l’ambition sont là, on va croquer l’année à pleines dents !
La ferme Garnerone, un trésor vert
Lionel et Delphine Garnerone dirigent la dernière ferme de Marseille dans le 14e arrondissement. Enfants et petits enfants de paysans, ils cultivent le mesclun marseillais, un mélange de jeunes pousses de mizuna, roquette, laitue, épinard et pak choi. « Nous travaillons 365 jours par an et fournissons le Min des Arnavaux, explique Lionel fier et heureux de voir soudain tous ces citadins s’intéresser à son métier. Nous travaillons à la main et avons adopté les principes de l’agriculture raisonnée ». Devant sa soeur, Lionel se penche sur le sol et avec une petite serpe, coupe délicatement les jeunes pousses qui seront ensuite lavées à l’eau claire : « Le canal de Provence lèche les bordures de la propriété » poursuit-il. De Saint-Tropez à Manosque, le mesclun qui pousse sur les 8 hectares de Tour Sainte connaît un grand succès. « Moi j’ai toujours travaillé là-dedans… J’ai quitté l’école à 16 ans pour faire ça, pour vivre avec la nature », confie Lionel. Un temps, il a exercé à l’aéroport de Marignane « mais je n’avais pas l’impression que c’était un travail, alors je suis revenu sur ma terre » dit-il. Titulaire d’un BPREA depuis l’âge de 19 ans, obtenu au lycée de Valabre (à Gardanne), Lionel Garnerone se désole de la pénurie de main d’oeuvre française, « alors on a recours à des ressortissants de l’Union européenne »… Le mesclun marseillais est en vente chez les maraîchers des quartiers, se déguste dans certains restaurants, une pépite !
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