Une chocolaterie assortie d’une épicerie fine, la maison Mistre a ouvert ses portes boulevard Vauban ce lundi 23 août. Après plusieurs semaines de travaux, Pauline et Laure Mistre, accueillent enfin leurs clients dans un magasin qui met en exergue une sélection aussi délicate que pointue. Les deux jeunes femmes proposent un assortiment de bonbons au chocolat réalisés par un artisan chocolatier « quelque part en Normandie » et ont sélectionné les gammes de Cluzel, Valrhona et Chapon pour les couvertures des palets d’or et d’argent, des pistaches, orangettes et autres pralinés, issus des recettes exclusives de la maison. « Nous sommes attachées à ne travailler qu’avec des artisans français à l’instar des fruits confits Lilamand, des marrons glacés Corsiglia, des pâtes de fruits auvergnates de Cruzilles, des calissons Parli et des sucettes et caramels Barnier » détaille Laure.
Dans la pièce attenante à la chocolaterie-confiserie, les étagères alignent quelques pépites, des pâtes Filotea, aussi belles à offrir que bonnes à déguster, les huiles d’olive Kalios, les thés Mariage et leur fameux « thé sur le Nil »… En tout, une trentaine de maisons, pour la plupart jamais présentées jusqu’alors à Marseille. « Des marques que, pour la plupart, nos parents vendaient déjà dans leurs magasins », rappelle Laure.
« Au confinement, j’ai complètement vrillé »
A l’origine de ce nouveau commerce, il faut aller chercher deux cousines qui ont opéré un radical changement de vie. « J’exerçais dans le juridique et Laure, après une formation en lettres, travaillait dans la communication, confie Pauline. C’est elle qui, la première, a vécu ce soudain besoin de changer de vie, lors du premier confinement, au printemps 2020. J’ai complètement vrillé sans le dire à personne mais je voulais me lancer dans le commerce comme mes parents l’avaient fait bien avant moi. Et c’est au soir de mon 35e anniversaire, en mars 2021, que j’ai annoncé à mes amis et à ma famille mon intention de quitter le cabinet dans lequel j’exerçais pour ouvrir une chocolaterie ».
L’annonce enthousiasme tout le monde et seule Laure garde le silence. Dans sa tête, la cousine admire Pauline et son courage entrepreneurial. Mais Pauline renâcle à partir seule à l’aventure et comme elle souhaite baptiser son magasin « Maison Mistre » elle estime normal de proposer à sa cousine de participer à l’aventure. « Nous étions connectées et on a conjointement joué la rupture conventionnelle pour nous lancer » poursuit Pauline.
« Honte d’être commerçant »
Avec une touchante franchise, et beaucoup d’émotion, Pauline raconte ses années d’enfance où elle avait « honte du métier de commerçant. Je n’aimais pas l’idée d’être simple vendeur. Quand mes parents ont vendu Amandine, ils nous ont demandé à mon frère et à moi, si nous voulions garder l’enseigne et prendre la suite. A notre âge, j’avais 14 ans, ça ne nous intéressait pas alors que nous avions de l’or dans les mains… Mais ça, je ne l’ai réalisé que plus tard ». Pourquoi avoir choisi d’ouvrir une chocolaterie ? « Pour perpétuer une tradition familiale et faire perdurer le nom et la mémoire de nos pères. Le chocolat on est tombé dedans tout petits et on ne connaissait que ça… Je suis certaine que mon père, de là où il est aujourd’hui, doit être très fier de moi ». Finalement, l’histoire ne s’est jamais arrêtée…
Maison Mistre, 85, bd Vauban, Marseille 6e arr. ; infos au 04 91 81 30 93.
Aux origines de Maison Mistre, il y a « Monsieur Mistre » et Amandine
Le nom de Mistre appartient au patrimoine gastronomique du Marseille de la deuxième moitié du XXe siècle. La pâtisserie Amandine a été fondée en 1961 sur le boulevard Eugène-Pierre puis a essaimé avec une deuxième enseigne rue Paradis, puis une troisième, « Amandine et Chocolat » en 1997, avenue de la Corse. La galaxie Amandine s’est disloquée en 2000 après le décès de Maurice Mistre, Jacqueline Régis, sa veuve ne conservant que l’adresse de l’avenue de la Corse, déjà spécialisée dans les chocolats. Pauline avait 14 ans et son frère 27 quand la décision de vendre Amandine fut prise. Pauline et Laure Mistre tirent leur passion sucrée de leur père respectif qui étaient tous deux pâtissiers, chocolatiers et confiseurs. Ce sont Philippe et Maxime, les voisins des Bons Fromages qui ont alerté Jacqueline Régis sur l’opportunité qui se présentait juste à côté de chez eux. La suite, on la déguste déjà…
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