« Il est temps pour nous de tirer notre révérence. C’était une idée folle, ça aura été fou. D’une ancienne maison close on a fait un Zoizo flambant. De la food, comme on dit pour être cool, de la super bonne food. » C’est avec quelques lignes émouvantes que Mélodie Taisne a annoncé la vente de son restaurant, l’Opéra Zoizo, ouvert voilà 4 ans, rue Beauvau. « J’ai vécu une super expérience mais je vous avoue franchement, je suis fatiguée » explique la jeune maman d’Emile, 8 mois au compteur. En avril dernier, un duo de jeunes entrepreneurs avait proposé à Mélodie de racheter l’Opéra Zoizo « mais j’ai alors dit non. Et dans la foulée, mon chef est parti, ça a été le coup de trop car je ne me voyais pas tenir la barre sans lui. J’y ai vu le signe qu’il fallait céder et partir. J’espère que les gens garderont une belle image »...
La restauratrice porte un regard fatigué sur un milieu qu’elle a abordé, il y a quelques années, pensant qu’il était constitué de gens bienveillants : – Je ne veux pas que ce que je dis soit récupéré politiquement, mais je trouve le climat social pesant, les émeutes m’ont porté encore un coup trop violent. Peut-être y a-t-il trop de restaurants ? D’un côté, cette profusion de l’offre c’est bien pour la ville mais moi, je regarde arriver de grands groupes avec lesquels on ne peut pas se mesurer… Ça aussi ça me mine ».
Un état de fatigue qui contraste avec le palmarès de la jeune femme qui a été portée par la sphère médiatique, référencée au Fooding et au guide rouge mais ça n’a pas suffi… « J’aime les belles et bonnes choses, je ne connaissais pas ce monde de la restauration et encore moins celui des notes, de l’Instagram, des étoiles… C’est très très dur ce mode de consommation des restaurants ». Quand certains ne pensent qu’à accueillir une présentatrice météo de Canal+ ou d’autres tombent dans les pommes parce qu’un couturier s’est selfisé dans leur resto, Mélodie, elle, ne pensait qu’aux assiettes.
« J’ai eu dela chance de bosser avec 3 chefs de talent mais je vois d’autres cuisiniers qui ont des comportements de neurochirurgiens qui sauvent des vies, je vois des restaurateurs qui se prennent pour les sauveurs du monde… Des chefs, serveurs et restaurateurs qui ont oublié que nous ne faisons que servir à manger, il faut se calmer ! ». Mélodie parle avec beaucoup de douceur, elle a les larmes aux yeux et sa voix tremble. « J’ai plein de regrets, mais ça a été trop dur », dit elle.
« Merci à tous d’avoir été là. Ceux qui ont fait à manger, ont servi, ont mangé, ont ri, ont rentré la terrasse, n’ont rien fait mais ont souri.C’était si dur mais grâce à vous c’était fou. Venez fêter avec nous l’envol de Zoizo, le 2 septembre, all day long. Vous assisterez en direct à la remise de la flamme du Zoizo aux nouveaux, et ça promet, je vous promets ». Quand un restaurant fait l’unanimité pendant 4 ans, on n’a aucun regret. On a la joie de passer à autre chose surtout au moment où on le décide soi-même. Mélodie Taisne a réussi même son départ… La classe.
Photo Instagram Bureau APO
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