Une date qui restera gravée dans les mémoires. Ce 25 octobre, l’équipe de Maison Delucel a fêté son premier service, on imagine volontiers le stress des quatre associés quand les premiers clients sont arrivés ! Johanne et son mari Yohann, Jean-Pascal et Olivier se sont jetés dans le grand bain aux couleurs bleu canard sur les murs. D’un côté, un vol groupé de vieilles assiettes décore un mur, de l’autre, sur le passe, quelques casseroles de cuivre désignent la brigade de trois effectifs qui rode le piano, la plancha et les fours. A l’entrée, « un comptoir aux fromages » semble faire de l’œil à qui vient s’attabler, comme la promesse d’un éternel régal aux saveurs campagnardes.
A la carte, une jolie suggestion déjeuner à 20 euros fort bien troussée : une daube de bœuf polenta crémeuse, crème caramel et café. Le genre d’incitation à venir tirer la chaise quand on bosse dans les magasins voisins ou lorsqu’on n’a pas envie de s’enfermer à la maison. Quelques valeurs sûres ouvrent le bal, de la terrine de pot-au-feu au saumon fumé en passant par le velouté de butternut-éclats de marrons œuf parfait et croûtons… Et parce qu’il faut bien être sérieux de temps en temps, un pavé de maigre-purée écume d’amandes, un risotto aux morilles-peccorino et un filet mignon de bœuf-carottes fanes rôties au beurre et pommes sautées méritent bien quelques coups de fourchette.
Tant qu’il fait beau, on s’attable en, terrasse mais à l’intérieur, c’est pas mal non plus ! De la tranche de foie gras mi-cuit on retiendra l’excellente température de service, la densité des chairs, les assaisonnements au cordeau… Une évocation automnale qui préfigure les fêtes de fin d’année. Suit une assiette de mafaldes au jus de bouillabaisse sur lesquelles la cuisine a eu la bonne idée d’associer des filets de rouget. Le jus de bouillabaisse est mentionné comme étant celui servi chez Fonfon, le restaurant d’Alexandre, le parrain de Johanne à Marseille. C’est rocailleux, relevé, puissant et dense, une excellente idée associée aux pâtes, un peu à la façon d’une soupe courte (avec de l’agneau cette fois) en harmonie avec le caractère bien trempé des rougets.
Et pour finir ? Un joli dessert à la façon d’un Paris-Brest, un Paris-Beyrouth très aérien, à base d’ashta (une crème de lait aromatisée subtilement à la fleur d’oranger) doublée d’une crème battue pistache pertinente. Excellent avec un expresso qui, pour se la jouer libanaise à fond, aurait pu être aromatisé à la cardamome… Mais peu importe, c’était très bien ainsi.
Alors faut-il aller manger chez Maison Delucel ? Oui car l’adresse est plurielle ; au déjeuner, vous croiserez des gens pressés, qui bossent ou vivent tout à côté. En soirée, ce sont des familles et quelques copains qui y partagent un moment de détente. On peut également composer un plateau de frometons à savourer à la maison ou picorer dans les suggestions traiteur à emporter… mais ce serait se priver de l’ambiance cool du restau. Faites vos jeux !
Maison Delucel, 1 596, avenue de La Croix d’or, 13320 Bouc-Bel-Air. Formule déjeuner 20 € ; carte 40 €. Planches 21 € et menu -12 ans, 12 €.
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