Ah si tu cherches une cantine, ici tu seras aux anges ! Un bouclard de rez-de-chaussée chapeauté d’un immeuble Sixties, quelques tables toutes bancales sur le trottoir, en façade, et une foule d’habitués qui te mettent à l’aise tellement ils ont l’air de se plaire ici. Chez Nguyen-Hoang, ça court partout. A peine le temps de te dire bonjour, d’esquisser un sourire sincère et l’équipe t’a déjà équipé d’une feuille recto-verso format A4 pour choisir ton déjeuner. Ça ira vite.
Nems, ravioli frits, salade viet et soupe wonton (nouilles de blé-ravioli chinois crevette) rassureront les moins téméraires. Côté soupes, précieuses ces jours-ci où le mercure ne dépasse guère les 10-15°C, la mivit (filet de canard bouillon parfumé huile de sésame) et la pho (réminiscence du pot-au-feu des anciens colons) auront votre préférence. Les classiques se délecteront d’un canard laqué sauce hoisin et des fameuses crêpes banh xeo.
Sitôt commandé, sitôt servi. On sait qu’en centre-ville, les hôtes ne viennent pas finasser et refaire le monde à table en glougloutant un vin nature. Avec une heure pour déjeuner, il faut dépoter. Voilà qu’atterrissent les banh cuon, fragiles crêpes de riz vapeur garnies de viande de porc et champignons noirs. On trempe dans une sauce nuoc mam et on se régale. Le mi xao (nouilles de blé sautées au bœuf), posé fumant sur table, s’accompagne d’un joli sourire de la cuisinière, toute contente de quitter sa cuisine pour se délecter des sourires des clients, qu’elle sert en personne.
Outre le petit porte-bonheur en corde rouge accroché à gauche de l’entrée, il n’y a rien sur les murs qu’une télé qui a la bonne idée de rester éteinte. Mais il faudra qu’on enquête sur la présence de ce sombrero au mur. Ça rentre, ça sort et dans ce joyeux va-et-vient on retrouve un peu de ce que les restos et bistrots étaient il y a encore quelques années, des adresses réconfortantes, amicales où on parlait et riait fort.
Finalement, on se sent tellement bien qu’on va prendre un dessert. Une boule de sésame toute chaude faite de riz gluant au haricot mungo et coco râpées « et beaucoup d’amour » est-il écrit sur la carte. C’est tout mou, chaud-brûlant, à peine sucré et on aimerait bien faire un câlin à celle qui nous a plongé ça dans l’huile bouillante. Alors faut-il aller chez Nguyen-Hoang ? Ben oui parce que eux, ils sont ouverts ; ils ne nous claquent pas la porte dans la figure au prétexte qu’ils n’ouvret qu’au dîner 5 jours sur 7. Oui parce qu’on aime l’esprit famille de l’adresse et son rapport qualité-prix permettant de s’offrir un vrai repas à 20-25 €. Oui parce qu’ici on sert tous les plats en même temps et on les mange simultanément ; c’est à ce genre de détails qu’on sait qu’on est chez des bons.
Nguyen-Hoang, 6, rue Méry, Marseille 2e arr. ; infos au 04 91 90 71 92. Carte 25 €.
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