Anne et Julien sont devenus deux personnalités, deux figures, deux incontournables de la scène culinaire vauclusienne. A Avignon, leur restaurant est à ce point connu qu’il fait corps avec ses propriétaires : on mange à l’Agape ou chez les Gleize, c’est pareil, tout le monde sait de quoi vous parlez. Cette table semble avoir tout compris des attentes de la clientèle en mal d’adresses où le rapport qualité-prix est tout aussi essentiel que l’accueil. Pourquoi parler aujourd’hui de l’Agape ? Tout simplement parce qu’en ce mois de juin 2018, le restaurant souffle ses 4 bougies d’un succès ininterrompu. Le travail de Julien Gleize est passionnant car il explore des terrains volontiers laissés en friche chez les confrères : rares sont les cartes affichant un tartare de tête de veau confite à la cardamome-lard de Colonnata-rhubarbe et gribiche en cromesquis ou une fraîcheur de tourteaux et omble chevalier-fine gelée de petit pois au piment d’Espelette… Il faut du courage et de l’imagination pour jongler avec les associations, oser (et réussir) des mariages rares, finalement très pertinents.
Le déjeuner du samedi se concevra avec des filets de sardines grillées sur une foccacia aux herbes fraîches. La réalisation est innovante, la cuisson du poisson en a préservé les chairs. A la sauce vierge de petits légumes, une huile d’olive ardente juste ce qu’il faut, répondent quelques tomates cerises. Le service est amical, Anne veille ; les deux serveurs soignent chaque table et ont le sourire facile. La véritable caillette d’Ardèche laisse percevoir des notes herbacées surlignées par un beurre persillé en parfaite harmonie avec l’espuma de pommes de terre. La joue de boeuf braisée au vin de Rasteau ultra fondante est escortée d’endives rôties au parfum d’orange et croustillant cannelle. Un verre de vin blanc de la famille Perrin rappelle que les côtes-du-Rhône ne sont pas loin. De l’assiette au verre, Gleize honore sa région.
Le repas est élégant, le tempo parfait, il y a de l’huile dans les rouages. Lorsqu’arrivent les desserts, un biscuit roulé au citron et confit de fruits rouges-émulsion des zestes-crémeux acidulé et un petit baba au parfum de rose-crème légère à la framboise notes de litchi et framboises fraîches, le client devine que la cuisine a tout donné et qu’il est arrivé à bon port. Alors faut-il y aller ? Oui car il est évident que tout est cuisiné sur place, dans l’instant. Oui pour l’intelligence qui prévaut à l’écriture des menus, oui pour l’ambiance cool mais délicate de ce restaurant à l’étonnante régularité.
L’Agape, 21, place des Corps Saints à Avignon ; infos au 04 90 85 04 06. Déjeuner, menus à 21 et 26 €. Formules 33, 48 et 70 €.
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