Du quartier de Notre-Dame-du-Mont, où il est né, jusqu’à la rue Lobineau, où il travaille, en passant par New York et Monaco, la route de Benjamin Mathieu est riche de rencontres, d’ambitions et d’envies festives avouées. Le cuisinier souffle ses 26 bougies le 8 septembre prochain, l’occasion était trop belle pour ne pas présenter ce cuisinier qui a fait son apprentissage chez Dominique Frérard, aux Trois Forts. « Je suis né à N.-D.-du-Mont mais j’ai grandi à quelques mètres de Saint-Victor, rappelle-t-il tout en débouchant une bouteille de vinaigre japonais. J’ai ensuite travaillé aux côtés de Sylvestre Wahid à l’Outaou de Baumanière et j’ai été chef de Partie au Bristol d’Eric Fréchon à Paris ». Benjamin Mathieu râpe un morceau de poutargue de Martigues, de généreux copeaux tombent dans l’assiette qu’il arrose de jus de citron et du fameux vinaigre nippon : « Je fais ce mélange pour les ceviche, c’est une merveille » promet-il. Il a raison, c’est bon. Benjamin Mathieu est arrivé à Paris en 2012, il a 22 ans et commence à bosser dans un restaurant propriété d’une famille marseillaise : « L’histoire a duré 2 ans et demi et puis j’ai eu envie de partir à New York ». Après 6 mois de vadrouilles entre Brooklin et Central Park, Mathieu revient à Paris, « faute de visa ».
Des projets de restaurant à Marseille ? « Oui j’en ai eu un, je voulais une affaire ressemblant à ce qui se fait à Paris et j’ai regardé du côté du Grand Latin, à la rue Sainte ». C’était cet hiver 2015 mais le cours des choses a encore éloigné Benjamin Mathieu des rives du Vieux-Port et l’a ramené dans le périmètre du marché Saint-Germain. Depuis le 26 juin, il conduit ce repaire d’amateurs avec toujours son souci d’ambiance : « Ici, je laisse libre cours à mes envies. 40 couverts, une ambiance dans un quartier qui ressemble à un village ». En salle, le service est efficace et bilingue, les Américains se sentent à leur aise, le personnel sourit, embrasse, serre les mains, les verres de vin blanc voltigent. « Je n’oublie pas mes origines marseillaises, j’aime le contact, l’ambiance et la proximité avec le client », dit le chef devant son piano en plein service. La cuisine ouverte participe à la fête ; l’esprit bistronomique raffiné trouve ici sa pleine expression et le chef assure : « Le plus important, c’est le bouche-à-oreille. Un client content et enthousiaste reviendra, c’est mon pari ». Un défi relevé…
Pouic Pouic, 9, rue Lobineau, Paris VIe ; 01 43 26 71 95. Le soir, ardoise de 50 à 60 euros.
Un dîner chez Pouic Pouic
Provençaux en goguette, vous retrouverez ici tous les clins d’oeil à la Méditerranée chère à Benjamin Mathieu. Le jambon lomo escorte un oeuf à 63°C et le calisson d’Aix se décline tout en légèreté, distillant ses parfums d’amande et de melon confit. Le chef marie les contraires avec justesse (huître et canard cru en tartare) et les équilibres sont respectés. Le mélange terre/mer revient en écho sur un pavé de cabillaud justement cuit sur un lit de champignons des bois au jus de volaille concentré. Des intitulés de tradition, une façon de monter les assiettes très actuelle (espumas, écume de rouille) et des surprises aux quatre coins des assiettes rondes. Vous aimerez !
Ajoute un commentaire