Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Voilà 7 ans maintenant que Michaël Esterle s’est installé au Bistrot O’Prado, à l’angle du Prado et du boulevard Périer. Au fil des saisons, en même temps que Michaël gagnait en assurance, le bistrot d’angle sans intérêt opérait sa mue. Il y a 2 ans, la totale rénovation de l’adresse signifiait au passant que désormais, il faudrait compter avec dans le quartier, et peut-être même au-delà, tellement les déjeuners y ont fait d’impressionnants progrès.
Dans une ambiance de brasserie, à la mi-journée, les serveurs se faufilent entre les 24 couverts de la salle supléée par une terrasse installée sur la contre-allée. Ça virevolte, on place les gens, on scrute le cahier de réservations, les assiettes défilent. L’ardoise en deux parties a été très intelligemment pensée avec des assiettes, richement garnies, qui suffisent à un repas complet. L’offre entend poissons (pavé de maigre-légumes rôtis, bisque de favouilles, pak-choï, aïoli à l’aneth et zestes d’orange ou poulpe braisé-poireaux rôtis, oignons confits chimichurri et céleri-kiwi jus brun crémé au cumin), viandes (tartare de bœuf-jus d’agrumes sauce soja mandes torréfiées), et suggestion végétarienne (potimarron rôti-burrata et capuccino de champignons, noisettes et zestes).
En cuisine, magnifique outil qui nous donnerait presque plus envie d’y manger qu’en salle, chacun s’affaire. Michaël est un homme heureux : son équipe est stable et son dernier salarié recruté est arrivé voilà 2 ans. Cette bonne humeur se retrouve dans la poitrine d’agneau effilochée, confite, imbibée d’un jus au romarin. Des rouelles de céleri fondantes, des carottes rôties, un « crudo » de céleri et granny smith apporte fraîcheur et acidité. C’est bon, très bon. C’est riche, les jus et sauces qui nappent tous les plats sont exemplaires dans les textures et assaisonnements parfaits. Ne cherchez pas l’erreur, il n’y en a pas.
A la crème citron-crumble fenouil et huile d’olive poivre timut, on préférera le cookie mi-cuit tout chaud au chocolat garni de noix de pécan relevé d’une espuma au café. Là encore, tout est généreux, les noix de pécan abondent, le café apportant une harmonieuse amertume venant corriger la sucrosité du biscuit.
Alors faut-il aller chez Michaël Esterle ? Oui si vous aimez les jus, les sauces et les compositions roboratives. Oui pour l’harmonie et l’équilibre qui prévalent dans l’agencement des plats. Oui si on aime l’ambiance brasserie et ces tables pour deux, toutes collées les unes aux autres, parvenant malgré tout à respecter l’intimité des conversations. Un voisin qui n’écoute pas ce que vous racontez, c’est un sommet d’éducation qui prouve qu’ici, la clientèle sait se tenir. Oui enfin parce qu’on a beau chercher, il n’y a pas meilleur que le Bistrot O’Prado dans le périmètre, un très large périmètre.
Bistrot O’ Prado, 1, bd Périer, Marseille 8e arr. ; infos au 04 86 12 87 76. Midi, de 23 à 31 €.
Ajoute un commentaire