
Le bonheur se cache parfois au coin d’une rue, dans un café PMU. Sur les rails depuis quelques semaines, cette Brasserie Longchamp incarne toutes les ambitions d’ Axel Terzian qui rêvait d’un spot bistronomique. Un rendez-vous où les spectateurs assidus du Pari mutuel urbain voisineraient avec les touristes, où les cols blancs du quartier se retrouveraient pour déjeuner aux côtés de quelque fine fourchette en quête de petits plaisirs bistronomiques. Le postulat de départ a de quoi séduire et, illico, Papis Gadio a répondu présent, dégainant l’artillerie lourde du savoir-faire en la matière.
Escargots de Bourgogne gratinés, salade de harengs pommes tièdes-vinaigrette au miel, soupe tourin à l’oignon et tatin d’endives au roquefort se sont vite imposés à la carte. Papillote de cabillaud provençale-riz parfumé, foie de veau poêlé au lard croustillant-packchoï, artichauts boutons frits et souris d’agneau confite-gratin de pommes de terre et purée de brocolis leur ont emboîté le pas.

La terrasse ensoleillée affiche d’aguicheurs arguments. La salle brille de tous ses cuivres, des tireuses à bière aux luminaires. Les murs vert bouteille rappellent la façade moulurée, les opalines blanches semblent sourire. Le service est dégourdi. Sur les tables de bois aux pieds en fonte atterrissent des gnocchis crème d’épinards-mozza et parmesan ou une imposante côte de bœuf Simmental et sa moelle.
L’émincé de canard au saté et légumes aigre-doux surprend par sa gourmandise, l’équilibre de son assaisonnement, le croquant de la salade iceberg, des tagliatelle quasi-transparentes de carottes, pickles d’oignon et rouelles de cébettes. C’est frais, taquin, en un mot : réjouissant. Suit une belle pièce d’onglet mariné à l’huile de sésame-sauce poivre échalotes-purée à l’huile d’olive. Tout comme son nom l’indique : nul besoin de saler, seul celui de saucer. Un plat terroir par excellence, une jolie démonstration de cuisine avec des légumes, de la couleur, la juste cuisson.

Comme une pirouette qui s’enroulerait dans les pieds en bois tourné des chaises Thonet, la gaufre dégoulinante de chocolat noir se pare de quelques rondelles de banane crue. Une pointe de crème fouettée juste assez sucrée pour la plonger dans le café et voilà qu’à la télé, s’affiche un avertissement : « Derniers instants pour parier ». C’est le prix Mister Lucken qui se joue à l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer. Là-bas aussi le ciel est bleu azur, peut-être autant qu’à Marseille.
Alors faut-il aller à la brasserie Longchamp pour y passer un bon moment et, surtout, pour y déjeuner ? Allez-y les yeux fermés, vous en reviendrez enchantés. On a longtemps cherché à résumer le travail de Papis Gadio et puis, finalement, c’est tout simple : c’est bon quand les choses ont le goût de ce qu’elles sont, quand les sensations répondent aux intentions.
Brasserie Longchamp, 4, rue Bailli de Suffren, Marseille 1er arr. ; infos au 04 91 39 01 31. Formule déjeuner 22 €, carte 30-32 €.
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