Le bar de quartier a bien failli mourir. Jadis décoré et animé par une artiste qui a décidé, voilà un an, de prendre la tangente, le Caravane café risquait la fermeture définitive. A l’idée de savoir sa fondatrice sur les routes loin de leur bistrot chéri, nombre d’habitués ont voulu maintenir le lieu, « leur » lieu en vie. L’idée d’une coopérative s’est fait jour, portée notamment par l’architecte qui a travaillé sur le projet de Super Cafoutch , un supermarché participatif du 2e arrondissement, comptant à ce jour plus de 2000 coopérateurs.
Raoul Michel, déjà en place au Super Cafoutch et représentant marseillais du Slow food, entre dans la boucle ; il organise des réunions et une réflexion statutaire s’engage pour savoir quelle structure mettre en place. La coopérative apparaît comme la meilleure solution, et les statuts sont déposés en juillet 2023. A ce jour, quelque 120-130 coopérateurs ont rejoint l’aventure, pour 100 € la part sociale.
« On fait tout ça pour garder ce lieu en vie et, comme au Super Cafoutch, tous les bénéfices sont réinvestis », prévient Raoul Michel. Deux cuisiniers, l’un à temps plein, l’autre à mi-temps, Nico et Florian, ont réjoint l’aventure et ce midi, c’est Emilie qui assure bénévolement le service. Tous les jours au déjeuner, un plat, une proposition végétarienne et un dessert attirent une quinzaine de personnes « en attendant la mise en place d’un click and collect », poursuit Raoul. Pour cette semaine indienne, on se régalera d’un poulet tikka massala, riz blanc, carotte et lait de coco. Le dessert sera italien pour faire honneur à Roberta qui rejoint la table : un pan de calatrava, flan maison posé sur un lit de pain imbibé de caramel qui fait office de socle lorsqu’on retourne le flan. « Le Caravane café était un lieu mixte où les habitants de l’Estaque, les artistes, les voisins se retrouvaient, dit Roberta avec un accent italien délicieux. On a voulu sauver cette adresse de rencontres ».
Sur le trottoir où personne ne passe, deux dames ont commandé un gâteau au chocolat à la polenta et sans gluten. Florian quitte sa cuisine et vient discuter. Master en médiation culturelle, il a changé de vie en a passé son CAP en 2019 : – J’ai cuisiné pour le Talus, l’auberge marseillaise à la Pointe-Rouge… Je n’ai jamais bossé dans un restaurant classique. Ça ne m’intéresse pas ». Tout en plongeant un sucre dans son expresso ristretto, Raoul dresse un premier bilan après la réouverture en janvier 2024 : – En termes de fréquentation, nos objectifs sont atteints et en volumes de dépenses, on y serait presque. Mais nous sommes très vigilants pour les dépenses, il faut travailler encore pour solidifier l’édifice ». L’été approche, on retournera visiter le Caravane café, pour y manger bien sûr, mais aussi par amitié.
Caravane café coopérative, 86, bd Roger-Chieusse, Marseille 16e arr. Infos 09 55 90 58 97. Déjeuner 14-20 €. Du mar au sam midi, ven et sam soir.
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