La mode est aux prénoms anciens… et c’est tant mieux car ils sont intemporels et très beaux. A l’unisson de l’enseigne, l’ancien Comptoir des Panisses a fait sa mue. Chez Léonce, par petites touches, la déco a ajouté des pointes de noir, éclairé l’espace avec des appliques dorées façon cuivre rappelant les barres vissées sur les banquettes habillant les murs. Un gracieux vol d’hirondelles, des feuilles de fougères glissées dans les opalines et voici feu la brasserie transformée en restaurant de ville bien penséAllez. Il en va de même de la carte jouant les éternels couteaux persillés, os à moelle, filet de boeuf frites fraîches, daube et polenta, pavé de saumon grillé-légumes confits et feuillantine chocolat praliné. Sur l’ardoise, pour ravir les habitués qui demandent du changement, un foie gras, un tartare de thon, de la charcuterie à la truffe, un filet de daurade et des pieds paquets voisinent avec une andouillette 5A et la carpaccio de boeuf-frites.
De l’accueil au service, l’équipe maîtrise son sujet. Idem de la cuisine qui envoie des assiettes parfaites. De tables en tables, on reconnaît ici un juriste, là un commerçant ; les conversations feutrées ou animées respirent l’âme citadine. Le saumon gravlax est posé sur une généreuse poignée de pousses d’épinards ; tout l’intérêt de l’assiette réside dans son assaisonnement qui ne contrarie pas les saveurs de la marinade et ont imprégné le saumon juste fondant. Le parmesan râpé grossièrement et l’huile truffée contribuent à la pertinence de la mise en scène. Sur le même mode rustique, les gnocchis à la truffe respirent les sous-bois. Comme de douillets oreillers, les gnocchis sont souples, gonflés, fondants et chaque fourchette fait naître la peur de finir l’assiette. Pour qui raffole des encornets, c’est ici qu’on peut les manger ; taillés en lamelles, parfaitement cuits, encore tendres, il sont présentés sautés ail et persil avec une sauce coquine à défaillir : tomates et pommes de terre nous renvoient à tout ce que la cuisine populaire a de plus noble. Alors faut-il aller Chez Léonce ? Cherchez un mot qui vous l’interdirait, vous ne le trouveriez pas. Le vacherin vanille-caramel au beurre salé accompagnant le café fumant confirme les impressions dès l’entrée. Cette Léonce cultive la discrétion et c’est, là encore, une autre de ses multiples qualités.
Chez Léonce, 23, rue Sainte, Marseille 1er. Résas au 04 86 97 93 52. Environ 30-35 €.
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