Tomi est parti. Il était le cuisinier du Chicoulon mais également le copain d’Edouard Mireur, fondateur de cette cave à vins qui a le souci de la bonne bouffe. Léo lui a succédé en juin dernier, il a endossé à la perfection le rôle de chef, cultivant l’esprit bistrotier de la maison, et l’esprit amical cher à Fanny et Edouard. Voilà pour le contexte. Pour le reste, le Chicoulon reste une bonne adresse réunissant la crème du quartier qui y déjeune en prenant soin de toujours accompagner les agapes d’un verre de vin dûment goûté et approuvé par l’équipe.
Les pluies de novembre, le ciel maussade et le mistral rafraîchissant les rues, vous pousserez la porte avec le souci de lire une ardoise réconfortante qui mêle les influences lointaines et bien franchouillardes. La salade de quinoa-vinaigrette au ponzu (assaisonnement japonais) est servie avec un feroce d’avocats (d’origine antillaise) ; elle cohabite avec un très savoureux velouté Dubarry, classiquissime potage de chou fleur que Léo anime par petites touches acides (céleri) et nerveuses (poireau fondant). Les lanières de chorizo sont utilisées ici comme un condiment gourmand et c’est très bien vu.
Comme la saison l’impose, le menu s’accompagne d’un verre de Morgon, signé Louis-Claude Desvignes. Cette cuvée voûte Saint-Vincent 2020, sera choisie pour sa belle expression du gamay, un vin intense très fruits rouges (framboises). Edouard conseille et on le suit bien volontiers, encore sous le charme de ces tanins discrets qui accrochent la bouche sans agressivité et délivrent une bonne fraîcheur. Un vin parfait pour le tartare de thon-fregola sarda de petits légumes au pesto verde, un plat original qui prouve combien Léo aime jouer entre les différents registres.
Un gâteau au chocolat-suprêmes d’oranges ou une tatin hyper coquine avec ses relents beurrés, pour accompagner le café, sonne l’heure du retour au bureau. Alors faut-il y aller ? Mais oui bien sûr, comment pourrait-on en douter ! Fanny et son frère Edouard gardent le cap par delà les années. « Vous avez aimé la tatin ?, s’inquiète Edouard. C’est la recette de ma grand-mère, vous savez, celle qui proposait toujours le petit chicoulon en fin de repas ». Une adresse de famille, il n’y a pas plus rassurant.
Chicoulon, 59, rue Grignan, Marseille 6e ; infos au 04 91 33 46 59. Carte 30 € env.
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