Presque à l’écart, derrière le comptoir chargé de bonbons, chocolats, pralinés et autres, Patrice Acourt regarde son gendre, Tanguy Padovani, et Lea sa fille, accueillir et servir les clients. C’est la Semaine sainte, le magasin ne désemplit pas, chacun venant chercher les moulages de Pâques. « Depuis deux ans, je me retire peu à peu pour leur laisser la place », confie Patrice. « Pâques et Noël sont les deux grands temps forts de l’année où nous réalisons 80% de notre chiffre d’affaires », enchaîne Tanguy. Au fil des ans, les chocolateries indépendantes ayant tiré le rideau, Hubert a accueilli des clients issus de tous les arrondisssements : – Venir chez nous, c’est voir, sentir les odeurs de torréfaction de café et de chocolat mêlées, et ça, le web ne pourra pas le remplacer », estime Tanguy Padovani.
Des pièces uniques moulées à l’ancienne
La famille travaille ses moulages avec un chocolat Cluizel à 63 % pour le noir et 39% pour le lait, ce dernier représentant 60% des volumes pour Pâques. « Mais le lait perd du terrain au profit du chocolat noir » relève Lea. Les sujets (des poules, cloches, lapins, poissons et œufs), sont intégralement façonnés à l’ancienne, dans des moules en métal leur garantissant une texture et un brillant uniques. Chose rare désormais, ils sont ensuite décorés à la main avec un fondant (mélange de blanc d’œuf, sucre et colorant). L’enrubannage et le garnissage (friture et œufs praliné) complètent l’œuvre. Pour ces pièces uniques, aux goût rivalisant avec les plus connues des maisons, il faut compter 108 € le kilo et « notre premier prix s’affiche à 14 € » présente Tanguy.
Chocolaterie mais aussi torréfaction, la maison maintient sa gamme de cafés et mélanges arabica-robusta dans le fameux « goût marseillais ». « Nous servons des cafés de cinquième grade, explique Patrice Acourt. Ce sont des grains calibrés et triés à la main, exempts de défauts, tamisés et lavés. A la cuisson, les grains se torréfient uniformément », seule et unique raison du succès de cette gamme en accord parfait avec le chocolat noir vendu sur place.
Au fil des ans, Hubert s’inscrit dans le paysage comme une vénérable maison patrimoniale. Avec l’arrivée de Tanguy et Lea, tous deux titulaires d’un CAP de chocolatier, une quatrième génération inscrit son nom sur le fronton du magasin de la rue des Orgues, après Noël le grand-père et Hubert, le père d’Alain qui se réjouit de voir la succession se profiler. Et même s’il est devenu très difficile de trouver de très bons petits-pois et lardons au sucre anisé, l’usage des sujets classiques décorés à la main se maintient.
Chocolaterie Hubert, 4, rue des Orgues, Marseille 4e arr. ; infos au 04 91 34 22 65.
Hubert, la dernière adresse pour les Rameaux provençaux
Ne les cherchez pas ailleurs, ils sont les seuls à faire perdurer l’usage des rameaux pour enfants. Jadis offertes par les parrains et marraines, ces armatures décorées de rubans et plumes étaient chargées de bonbons, chocolats et petits jouets en plastique. « Maintenant, ce sont les grands-parents qui les achètent », dit Tanguy. D’une année sur l’autre, certaines familles conservent leurs rameaux et demandent à ce qu’on les « recharge » en chocolats divers. En mars 2023, un peu plus de 30 rameaux ont été vendus à la chocolaterie Hubert. Trente rameaux pour une ville forte de 880 000 habitants.
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