L’homme est fashion addict ; il pose son sac « Bleu de chauffe » en cuir épais, finit sa conversation, I-Phone 6 tout fin collé à l’oreille, et pousse un souffle de soulagement tout en commandant « un café avec un verre d’eau s’il vous plaît ». Christophe Juville est un restaurateur au sommet. Inutile de le chercher dans le Michelin ou le Gault & Millau car ils ne le connaissent pas. Pourtant, le jeune marseillais a 1000 projets en tête. En ce moment, il construit « une grande idée à la Joliette », s’apprête à ouvrir une enseigne Spok à Bordeaux dans deux mois dans le voisinage du Mama Shelter local et annonce l’ouverture d’un autre Spok à New York avant la fin de l’année.
« J’ai le tort de vouloir donner à manger bon et sain au plus grand nombre, lance-t-il non sans ironie. J’ai beaucoup de mal à me définir, je me suis souvent posé la question… Disons que je suis un cuisinier formé à l’école hôtelière de Bonneveine et que je suis un entrepreneur. Je suis un hybride » sourit Juville qui « pèse » 52 employés.
Aujourd’hui, l’empire Juville compte 3 enseignes Spok en nom propre et un restaurant, l’Orgasme, sis rue Breteuil. Pas moins de 12 franchises ont été ouvertes en 7 ans, partout en France, de Clermont-Ferrant à Toulon, de Lille à Paris en passant par La Ciotat, Aix-en-Provence etc. Mais parce qu’il n’arbore ni toque ni de tablier blanc, Christophe Juville n’intéresse pas le sérail.
« Parmi mes amis, il y a Greg Hessmann au comptoir du Bar de la Relève, des sportifs et des gens de l’audiovisuel » énumère-t-il. Bien que « loyal », Christophe Juville a du mal à énumérer ses qualités : « Je crois que j’ai des qualités en terme de management, je suis compréhensif en ressources humaines, je suis fédérateur et curieux ». Photo, architecture, musique, Juville confesse une « sensibilité à fleur de peau ». Quand on lui dit que ses concepts sont à la mode, le papa de Matéo et Lili-Jane sourit : « La mode est éphémère, Spok dure depuis 7 ans. Nous, on colle avec l’air du temps, je m’efforce toujours d’avoir un quart d’heure d’avance sur le temps ; je cherche l’innovation culinaire et faire voyager les gens qui viennent chez nous ».
Spok traverse les époques et le concept durera 30 ans ;
je suis trop curieux et sensible pour que ça ne dure pas… »
Le Marseillais né à la cité Félix Pyat assume ses envies : « J’ai créé une marque nationale et je suis en mode rêve. De la pub à la restauration, les univers se régénèrent sans cesse, j’aimerais créer une force, un lobby marseillais qui exporterait une autre image de Marseille. Moi j’aime des chefs comme James Henry, Inaki Aizpitarte, des gars qui ont un esprit cool, qui aiment le son, tatoués, avec des dégaines, je veux aborder la restauration autrement qu’avec une toque ». Le rêve d’une cool attitude qui placerait Marseille au rang des Copenhague, Londres ou Paris ? « Je suis frustré car ce sont toujours les mêmes styles de restaurants que l’on met en valeur. Ce serait bien que tout le monde soit porté d’égale façon ». Nul n’est prophète en son pays…
Spok c’est ça !
Et l’orgasme c’est au 13, rue Breteuil, 6e ; 04 91 33 08 67
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