Il y a un restaurant pour chaque instant. Une adresse street pour les gens pressés en semaine, un bistrot pour un plat canaille et le petit pichet qui va avec, ou le restau cool pour un tête-à-tête avec sa moitié en mode love. La Ciergerie appartient à cette catégorie des restaurants de quartier qui font parler d’eux hors de leur arrondissement. Tout récemment inaugurée, cette adresse est joliment décorée, usant des codes du moment pour distiller un style élégant et rassurant.
La carte est volontairement resserrée proposant deux attaquants en entrée : des sardines confites aux agrumes-vinaigrette au Ricard et une mousseline de patates douces-velours de chèvre café. Cinq milieux de terrain ensuite, parmi lesquels une souris d’agneau-mousseline de pommes de terre, des blettes farcies au tofu (coulis de betteraves-menthe et légumes) et un taboulé chaud au caviar d’aubergines, menthe-amandes-coulis de roquette et wasabi sur fond d’oignons et grenadine. Avec une défense forte d’une tatin au miel et bière-chantilly-mascarpone, d’un mi-cuit chocolat et d’un roulé mangue-coco-citron vert, il ne peut rien nous arriver.
Comment fouetter une mousseline de patates douces ? En l’accompagnant d’une crème de fromage de chèvre surlignée au café, merveilleuse bonne idée qui nous fait oublier les bégaiements de la cuisine qui a le réflexe « mousseline » un peu partout, par deux fois aujourd’hui avec des pommes de terre, avec des carottes il y a peu. Les linguine du jour, en réalité nappés d’une sauce aux cèpes, sont couverts de gros copeaux de parmesan pensés comme un condiment et de lamelles de champignons de Paris très présents… La gourmandise étant un vilain défaut, on confiera nos turpitudes culinaires à la chapelle Saint Bacchi qui, à Jouques, non loin d’Aix, produit un vin de France 100% cinsault plutôt léger avec de fins tanins. Quitte à pécher, autant que ce soit avec goût.
Les assiettes sont réconfortantes et chaleureuses, à l’instar des desserts et de ce mi-cuit noir à 70% encore chaud lui aussi, en délicieuse harmonie avec le café, noir lui aussi, mais pas sucré.
Alors faut-il aller à la Ciergerie ? Oui sans crainte tout en ayant une pensée pour feu Monsieur Tavan qui, ici même en 1870, coulait des cierges comme bon nombres de commerces du quartier (cf. le Caterine de la rue Fontage voisine). Oui pour la qualité du service, souriant et complice. Oui enfin pour la possibilité de s’en sortir à moins de 35 € par tête. Vu l’époque, qui s’en plaindra ?
La Ciergerie, 8, rue de Lodi, Marseille 6e arr. ; infos au 04 65 85 93 06. Carte de 27 à 34 €.
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