La description semble trop belle pour être vraie… Et pourtant. C’est une carte postale, celle d’un ravissant petit village perdu des Alpes de Haute-Provence, traversé par une route départementale avec un bistrot de pays campé en plein virage pour n’échapper à la vue de personne. De l’autre côté, une terrasse couverte d’une treille, baptisée non sans humour le Poulailler. Clients jacasseurs bienvenus.
C’est pour ce cadre bucolique et hors du temps que Céline Martignon et Jean-François Garcia ont eu un coup de cœur. Lassés par le rythme effréné qu’imposait leur vie tropézienne, ils ont trouvé ici même la maison de tous leurs bonheurs. Lili et Jef ont ainsi décidé que Cocotte à Pierrerue incarnerait leurs bonheurs présents et futurs.
Tant qu’à vivre dans leur bistrot de pays, autant s’y sentir bien : à côté de la platine vinyle, un 33t d’Amy Winehouse et une anthologie des Rita Mitsouko.Dans les vitrines, le couple présente sa collection de barbotines et de « coquillages Vallauris ». Charmant jusque dans les moindres détails avec un magnifique Chantecler qui domine la salle et la corbeille à pain.
Si vous passez par Pierrerue, pensez à réserver, surtout en fin de semaine, car le bistrot est pris d’assaut. La carte est courte, trois entrées, quatre plats et desserts et c’est tout. A la soupe de favouilles (rouille, croûtons et comté) trop salée, vous préférerez les délicieuses moules gratinées au beurre d’herbes-crumble de chorizo. Unanimité autour de la table pour la caractère gourmand et l’assaisonnement parfait des coquillages, beurrés à en défaillir. Suivent un irréprochable poulet croustillant aux cornflakes et une très classique assiette de ravioles maison ricotta citron-basilic. Le risotto de coquillettes aux cèpes se distingue par sa poitrine de veau confite, fondante et, elle aussi, parfaite.
Destination Cocotte à Pierrerue
Si la cuisine a hissé haut le niveau, rappelons que la salle ne se défnd pas mal non plus. Lili propose une carte de vins nature et bio forte de quelques perles à l’égal de ce Roll des Forêts (Val d’Astier 100% rolle), un blanc élevé en barrique surprenant par son côté gras et nerveux en bouche, un bourgogne blanc signé Fanny Sabre ou un vin de France blanc encore, un Water l’Eau de Mikaël Bouges, élégant, aromatique et minéral.
Reste à clore les agapes par un ventripotent baba au limoncello aux suprêmes d’agrumes ou un petit chèvre de Ségolène, habitante de Pierrerue, dont tout le monde se dispute la production. Alors faut-il réserver sa table chez Cocotte ? Oui car en venant ici, vous cocherez toutes les cases : vous ferez une belle balade, vous contribuerez à faire vivre l’économie d’un petit village, vous allez vous régaler et permettre à Lili et Jean-François de gagner un pari. Lequel ? Faire de leur maison une adresse de destination et pas de passage. C’est ce qu’il y a de plus difficile et ils y sont parvenus.
Cocotte à Pierrerue, rue de la Fontaine, 04300 ; infos au 04 92 75 33 00. Carte 43-50 €.
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