Depuis quelques mois, elle endosse le titre de Madame Tourisme pour le département des Bouches-du-Rhône. Une casquette que la maire de Cassis porte avec enthousiasme. Son discours, émaillé de formules franches et directes, « je veux que les gens analysent et mesurent la portée de mon travail à l’aune du seul intérêt général », est celui d’une femme de caractère un peu « trop entière » tombée dans la politique depuis son plus jeune âge. Rencontre en bord de plage…
Tourisme et environnement ne semblent faire qu’un chez vous…
Je n’ai jamais voulu que Cassis ressemble à Monaco ; je veux que le cadre naturel de ce village soit préservé car ainsi nous protégerons le futur.. Le tourisme c’est lié à l’environnement ; aujourd’hui, il représente 8% du PIB, c’est un secteur fort en France, alors préserver le cadre naturel, c’est conserver notre identité, préparer l’avenir et faire vivre l’économie.
Que revêt le mot « Provence » pour vous ?
Les Bouches-du-Rhône regroupent Arles et la Camargue, Marseille et la Provence. Ce département est plein de pépites qui, pour être valorisées, ne doivent pas subir le tourisme de masse. Lorsqu’on se promène sur le massif de Sainte-Victoire, on se surprend à chuchoter, ça correspond à un type de touristes. Il faut intéresser ces derniers aux endroits qui leur ressemblent ; nous allons encourager le tourisme de qualité, pousser certains projets sur certains territoires. Notre richesse, c’est notre authenticité et la personnalité de nos habitants ; cultivons ces différences pour maintenir la notion de qualité qui est rattachée à la Provence.
Quel sera le rôle de la gastronomie dans les prochaines années ?
La table, les vins, ce sont de puissants leviers de développement au même titre que la culture : les festivals d’Aix et de la Roque d’Anthéron, les rencontres d’Arles, le festival de Martigues montrent que chacun est fier de son territoire et veut en montrer les beautés. Pour le vin par exemple, je pense qu’il faut mêler la dégustation à la visite du terroir, nous inciterons le public à pénétrer les lieux pour mieux les comprendre. Selon moi, un paysage, un site, un monument, se voient, se respirent, s’écoutent et se sentent, c’est comme la cuisine.
Quelle est votre couleur de vin préférée ?
J’aime tout ce qui est bon mais, pour faire simple, j’aime les blancs et les rosés en été, les rouges en hiver. Vous savez qu’on fait du rouge aussi à Cassis ? ! Cette AOC ne me quitte jamais, je rêve de la voir entrer au patrimoine immatériel de l’Unesco…
Pouvez-vous définir ce que vous entendez par « gastronomie » ?
La gastronomie ce n’est pas la voix seule du Michelin ; c’est aussi un formidable charcutier, ce peut être une excellente huile d’olive des Baux ou une bonne pizza. C’est une notion très ouverte.
Dans l’avenir, la qualité seule fera la différence ?
Je rêve d’un hôtel 5 étoiles à Cassis car ça aiderait la ville à progresser. Les deux étoiles attribuées par le Michelin à la Villa Madie ont donné envie aux autres restaurants de regarder vers le haut, c’est une saine émulation qui aide à se remettre en question. Aujourd’hui, le tourisme est un combat mondial, les Bouches-du-Rhône doivent être irréprochables sur l’accueil, le service, l’identité, les goûts. Au plus nous aurons de locomotives, au plus tout le secteur en bénéficiera.
Vos sorties ?
A Cassis, je vais « à la Vieille », chez Gilbert, à la Poissonnerie, à la Stazione, à la Goccia d’olio, au Chaudron. Tout dépend de mon état d’esprit mais je suis plus poisson que viande.
[Les carnets secrets de Danielle Milon]
- Claude Lelouch : « Je l’ai rencontré en octobre il y a 4 ans. Il est passé par Cassis avant de se rendre au festival de Cannes en avril dernier ; je pense qu’il finira par acheter quelque chose ici »
- Patrick Poivre d’Arvor : « C’est lui qui s’occupe du Printemps du Livre de Cassis désormais. La dernière édition a cartonné »
- Maurice Béjart : « Ma première rencontre avec lui a été l’un des moments les plus forts de ma vie ; j’en ai les larmes aux yeux rien qu’en en reparlant »
- Rudy Ricciotti : « C’est un homme exceptionnel »
- Louis De Funès : « J’ai tourné, en 1971, le film « Sur un arbre perché » qui se déroulait sur la falaise du cap Canaille. On m’y voit, brune, les cheveux longs »
[Sa bio express]
Danielle Milon est tombée dans la politique dès son plus jeune âge : « Papa était adjoint de Gilbert Rastoin, raconte-t-elle. C’était un maire qui, déjà, avait été élu sur les thèmes de la protection de l’environnement, il s’opposait à la bétonnisation de Cassis ». Elève à Sciences Po, Danielle Milon hésite entre une carrière dans le tourisme international et l’enseignement : « Et j’ai choisi l’Education nationale, dit-elle. J’ai été institutrice durant 25 ans à Carnoux ». 1983, c’est le virage, le plongeon politique : « J’avais promis de donner tout mon temps libre à Cassis » se remémore celle qui sera adjointe à la culture 12 années durant. « Ensuite, j’ai passé 13 ans dans la minorité » glisse-t-elle presqu’en chuchotant. « Dans les petites villes, la minorité doit prendre conscience de son importance si son opposition est constructive » assure la maire de Cassis. Elue au poste de premier magistrat en 2008, « avec peu de voix d’écart », elle conforte l’écart au scrutin suivant, en 2014. Maman et grand-mère, elle est heureuse d’avoir sa fille et sa petite-fille près d’elle à Cassis et se demande si elle briguera un troisième mandat…
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