
Ils ont relevé le défi de l’opération de séduction. Tout le quartier ne parle plus que d’eux, oubliant même que leur restaurant s’appelle Elaia. Désormais, le Tout-Clot-Bey réserve sa table chez Axel et Manon. Et malheur à qui ne réserve pas ses couverts en amont du service, on se prendra une tôle car Elaia affiche complet à chaque service. Ce déjeuner n’échappera pas à la règle. Côté décor, à l’exception du comptoir habillé d’hexagones aux nuances de bleu-vert, le reste de la salle se pare de murs blancs, d’abat-jour en raphia et de quelques mignonneries tressées aux murs. Finalement, le plus intéressant dans un restaurant, n’est-il pas dans le spectacle des clients ?

Elaia au juste prix
Au menu ce midi, un velouté Dubarry, un tartare de bœuf-moelle et câpres, une bavette de Galice-jus et frites fraîches ou un demi-magret de canard pommes grenailles-haricots verts. L’œuf parfait-syphon de topinambour va droit au but avec le goût de ce qu’il est, croustillant de quelques croûtons et d’un lard de colonata très culpabilisant. La cuisson du pavé de lieu jaune est parfaite, la chair se détachant en délicats pétales nacrés qu’on tartinera d’aïoli safrané. On ne reprochera jamais à Axel de remplir ses assiettes, c’est la plus belle des qualités mais il faut le faire à bon escient. L’accompagnement d’un poisson s’apparente au joyeux bordel d’une chambre d’adolescent. Que viennent faire la grenade et les pickles d’oignon dans cette purée de potimarron ? Quelle filiation y a-t-il entre leurs saveurs acidulées et les poireaux et carottes confits ? Et les topinambours ? A quoi servent les éclats d’amandes effilées ? Si tout est bon et bien travaillé, Axel doit remettre de l’ordre dans une cacophonie des goûts pour se donner plus de style.

Comme un joli final, la crème d’orange sanguine parsemée d’éclats de canistrelli lorgne du côté de la Corse. Une crème montée, de la croustillance encore, et un café servi avec le sourire sonnent l’heure du bilan. La réputation d’Elaia est-elle justifiée ? Oui d’abord pour le rapport qualité-prix : à 25 € le triptyque entrée-plat-dessert, il faudrait avoir mauvais esprit pour venir pinailler. Pour la qualité du service et la gentillesse de Manon, à qui on décernerait une médaille d’or, tellement son regard sincère et ses sourires en disent long sur son caractère bienveillant. Oui enfin pour le travail d’Axel qui travaille des produits frais et refond sa carte tous les matins. Un couple rare, une offre qui l’est tout autant. Une bulle de fraîcheur comme on les aime.
Elaia, 159, avenue Clot Bey, Marseille 8e arr. ; infos au 09 82 27 87 11. Déjeuner, 22 et 25 € ; dîner, 45 €.
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