Les années et les époques se succèdent mais Il Caffè résiste au temps avec toujours de nouvelles tribus qui font battre le coeur de ce café-brasserie du cours Julien. L’adresse pourrait entrer dans la famille des institutions puisque, datant déjà du siècle dernier, les souvenirs de 1988, 1989 hantent encore la terrasse. A l’intérieur, l’ardoise va et vient d’une table à l’autre, portant les inspirations du jour. Au fil de sa lecture, les sourires apparaissent, l’appétit titillé par quelques énoncés et origines fièrement revendiquées.
Des exemples ? Une petite échine de porc de race Duroc élevé par la famille Batalle en Espagne avec polenta au cumin-coulis de piquillos, un burger au boeuf d’Aubrac ou encore des moules de la baie du mont Saint-Michel. Mais au-delà des provenances, la cuisine a aussi réfléchi ses compositions et nous offre quelques jolis intitulés : pavé de saumon-homos-sésame noir huile d’olive et wasabi, bavette de black angus-pommes grenailles et pleurotes-beurre aux agrumes, une brandade de morue gratinée minute et spaghetti de légumes.
Le service est joyeux, simple et rapide. Les conseils fusent et les deux gars en salle maîtrisent leur sujet. Les frites sont-elles fraîches et maison ? « Ici, pas de congélateur, suivez-moi, je vous montre la cuisine » assène l’un d’eux. L’assurance dans la voix promet de belles frites, elles seront excellentes, tout comme cette sauce ‘nduja (au saucisson épicé, originaire de Calabre en Italie) qui accompagne une belle assiette de moules charnues. Joliment amené, le magret de canard est posé sur une purée de patates douces surlignées de griottes acidulées. Jamais avares d’un beau geste, les serveurs offrent une seconde assiette de salade, un coeur de sucrine très craquant, pour une parfaite symétrie des services et pour que chaque convive mange en harmonie.
Le clafoutis aux prunes et piment d’espelette le dispute au mi-cuit chocolat coeur poire et noisette, les desserts collent à la saison. Les babas napolitains du Convento sont baignés de limoncello et accompagnent très bien un café expresso.
Alors faut-il y aller ? Oui car depuis plusieurs mois, de réels efforts ont été faits et l’équipe mérite d’être encouragée. Oui car les cartes fières de leurs origines ont tout pour attiser l’appétit et l’ambiance qui règne chez Il Caffè est toujours aussi sympa. Oui enfin car les petites adresses pour (bien) déjeuner en ville ne sont pas légion et lorsqu’on en tient une, on ne la lâche plus.
63, cours Julien, Marseille 6e arr. Infos au 04 91 42 02 19 ; carte de 20 à 26 €.
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