La ferme aquacole de l’archipel du Frioul est sauvée, « du moins pour le moment car nul ne sait de quoi l’avenir sera fait » tempère son propriétaire, Aurélien Bergeron. Il s’en est fallu de peu pour que dans les jours qui ont suivi le 15 mars, la société d’élevage de loups bio au large de Marseille cesse son activité… « Dès le 16 mars, les grandes surfaces qui représentent 70% de mon chiffre d’affaires ont cessé toutes leurs commandes et ont fermé les bancs de poissons et coquillages traditionnels au profit d’une vente en libre-service, de pièces pré-emballées, explique Aurélien Bergeron. Peur du contact humain, de la contagion, de la promiscuité, personne ne savait où on allait à ce moment-là ». Et pour l’entrepreneur, cet arrêt brutal des commandes a mis à mal 80% de son chiffre d’affaires.
30 mois pour élever un loup et le vendre
« J’ai mis tous mes salariés en chômage partiel et je me suis retrouvé tout seul à tout faire avec la peur au ventre sur le devenir des marchés », raconte l’hôte du Frioul. Et l’horloge biologique ne s’est pas arrêtée avec le confinement, il fallait continuer à nourrir les poissons car « il était hors de question de les relâcher dans la nature au prétexte que j’allais faire des économies sur l’alimentation, poursuit l’éleveur. Je mets 2 ans et demi avant de vendre un poisson alors le relâcher c’est tirer un trait sur tous les frais engagés jusque-là, c’est se défaire de sa trésorerie ». La ferme aquacole du Frioul commercialise un peu plus de 60 tonnes de poissons par an soit plus d’une tonne par semaine et Aurélien Bergeron a dû trouver des débouchés autres que les supermarchés : – J’ai tenté de développer les circuits courts et c’est beaucoup de travail pour des petits volumes mais, par chance, les consommateurs étaient en quête de produits frais et comme je vendais sans intermédiaire, j’ai réussi à proposer des tarifs compétitifs ».
Pour l’heure, tous les employés de la ferme aquacole du Frioul ont repris le travail, « c’est un travail physique mais nous sommes heureux de travailler en plein air, concède Bergeron. J’ai l’espoir de retrouver une consommation locale, responsable et éthique, j’ignore comment évolueront les choses mais il faut espérer ».
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