Voilà deux semaines, le kebbab signé Alexandre Mazzia venait à la rencontre des Marseillais. Discrètement, le chef 3 toiles, un parmi les 29 cuisiniers les plus prestigieux du pays, lançait un pavé dans la mare et se risquait à un monument de la cuisine populaire. Comment le renouveler ? Comment en valoriser la moindre des bouchées ? Comment lui redonner une crédibilité diététique ? C’est à toutes ces grandes questions que Mazzia a voulu répondre. « Des plus connus aux autres, j’ai fait une cinquantaine de kebbabs dans toute la ville pour comprendre ce qui se faisait et ce que je pourrais apporter » explique le chef. De là est née l’idée de proposer des recettes saines diététiquement, nobles par la qualité des produits, savoureuses en goût et, surtout, cuisinées pour le grand public.
« Quand j’ai dit aux gars de l’équipe, ils ne m’ont pas cru. Le burger, tout le monde s’y est penché alors nous on est allé sur autre chose, poursuit Alexandre Mazzia. D’ailleurs on l’appelle kebbab mais ça pourrait tout aussi bien s’appeler un tacos kebbab« . Dans le foodtruck que Mazzia a baptisé Michel en référence à son grand-père, pas moins de 7 coéquipiers s’agitent. Du commis au second, c’est la crème de la profession qui s’agite et soudain on prend la mesure du défi. Viandes, épices, condiments : que des produits de saison pour répondre à l’appel. « En ce moment il y a a beaucoup de concombre en attendant les premières tomates, détaille le chef qui s’émeut : – Et pourquoi un trois étoiles ne ferait pas un kebab ? Je suis sincère, bon et engagé et je pense qu’on peut tout faire si on est intègre et transparent ».
Alors à quoi servent les trois étoiles ? La haute gastronomie n’a de sens et d’utilité que lorsqu’elle transforme et hisse vers le haut la cuisine du quotidien. Faire grandiose pour faire grandiose à des tarifs stratosphériques n’a aucun sens, ce serait même stupide si toute cette recherche ne trouvait son aboutissement dans l’assiette du grand public. La sauce blanche est remplacée par une mayonnaise végétale au lait de soja et huile de piment, la sauce chimichurri (composition secrète du chef) apporte gourmandise et épaisseur à la recette, les poivrons sont marinés dans une eau de gingembre… La créativité est à tous les étages. Idem de ces frites cuites dans l’instant et nappées d’une gelée rouge pimentée agrémentée de ciboulette ciselée. Le kebbab signé Alexandre Mazzia : une merveille d’intelligence et de créativité.
« Mon fils, 15 ans, et ma fille, 5 ans, viennent manger là et pour eux comme pour tous ceux qui sont venus je veux proposer le meilleur » assure le chef. Ultime preuve de cette bonne volonté et de ce sens du partage bien réel et pas seulement autoproclamé : le tarif de 14 euros par personne. « C’est sain, bon, nutritif et qualitatif dit Mazzia qui s’empare d’une balance de cuisine. Il pose le kebbab dessus et lance : 395 grammes, donc 395 calories ! ». Au-delà de tous les discours démago, le kebbab signé Alexandre Mazzia aura été le premier à faire descendre la gastronomie dans la rue. Et avec quel talent !
Food truck Michel, rue Rocca face au restaurant AM, 9, rue Rocca, Marseille 8e arr. De 11h30 à 14 heures, du mardi au samedi. Sandwiches de 10 à 19 €, desserts 5 et 7 €.
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