Quelques magazines l’affirment : le cours Julien est l’un des quartiers les plus cool du monde. Dans son tourbillon incessant, Ivan Et Djony ont jeté l’ancre dans ce bistrot iodé pour contribuer au tumulte ambiant. Les deux associés et amis se sont connus alors que Djony cuisinait pour la Passarelle (7e arr., à l’époque de Philippe et Patricia). Ivan l’avait rejoint en cuisine ignorant qu’au fil des ans, ils formeraient un solide binôme. « J’ai fait des études d’anthropologie et j’ai passé mon doctorat en Colombie, raconte Ivan, un parisien installé à Marseille depuis 4 ans. Et pour payer mes études, j’ai toujours travaillé en cuisine ». Originaire du Cap Vert, Djony, lui, travaille on ne peut mieux le poisson. Passé par les cuisines du Ventre de l’Architecte et d’Otto, il se dit très à l’aise avec les coquillages (notamment les moules persillade-physalis).
Voilà donc les deux amis à l’écriture de l’ardoise chaque matin, portés par les richesses du marché. Au poulpe grillé-chou et parika fumé, ceviche de daurade, poireau au chèvre et coulis de piment doux de la mi-journée, succèdent la daurade-tomate snackée et aubergine laquée sauce aux cèpes, les huîtres camarguaises ou le pageot mousseline de potimarron et patate douce-sauce framboise, en soirée. Dans la rue, en salle ou dans la cour arrière, protégée du vent et du bruit, on tire la chaise à midi.
Le loup fumé sur place, charnu, s’accompagne de pickles et d’une poutargue faite maison « quand on trouve du mulet », souffle Ivan. Un peu d’ail noir contribue à l’assaisonnement de l’assiette bien pensée et harmonieuse. La pélamide juste cuite est posée sur une lumineuse purée de potimarron ; quelques betteraves en rajoutent dans le registre gourmand et la vierge de légumes crus en brunoise titille les goûts.
« On a un apriori assez positif sur les vins nature, assène Ivan en tandant sa carte des vins. Aux origines, c’étaient des vignerons à l’esprit punk qui se sont lancés là-dedans en refusant les labels ». Au final, quelques quilles qui respectent la nature, à l’image du rouge de Pierre Gobet et Myriam Filleton (dom. de la Chamaille, Bonichon 2021), le blanc de Romain Petiteau (dom. de de la Tourlaudiere – Bohale muscadet Sèvre et Maine) et un rosé du Provençal de l’étape, Myrko Tépus, installé à Esparron de Pallières (Dai !, grenache-cinsault).
Alors faut-il se jeter dans le Tumulte de la rue Pastoret ? Oui car le pain de House of Pain, la carte des vins et la vision locale et saisonnière de notre duo Ivan-Djony a tout pour séduire. Oui pour prendre un verre de blanc en l’accompagnant de quelques huîtres d’ici. Oui pour l’esprit qui, pour être bon enfant, n’en reste pas moins respectueux du client. Une assiette de fromages, ou un cake citron-glace gingembre et ganache coriandre suffiront à convaincre les plus hésitants.
Tumulte, 2, rue Pastoret, Marseille 6e ; infos au 09 78 80 84 87. Déjeuner 35 €, dîner, 40 €.
Joli article sur Le Tumulte J’ai découvert ce restaurant cette semaine. C’était trooooop bon et l’ambiance est sympa et décontractée. Bravo !