La simple lecture des paroles de la chanson de Georges Moustaki, suffirait à elle seule, à dessiner ce petit restaurant naviguant à contre-courant. Se défiant du discours ambiant, l’équipe des Eaux de Mars met en application les principes auxquels elle croit. Labellisé écotable, les Eaux de Mars nous épargne le blabla du locavore et du bio pour une stricte application de critères exigeants. Pour le plus grand bonheur et la santé de ses clients. Le restaurant croit aussi en la revitalisation des quartiers, voilà pourquoi il a choisi une rue improbable avec peu de passage, tordant le cou, au passage, à 90% des restaurateurs qui assurent que seul l’emplacement vaut. Si on sert de la qualité et que le rapport qualité prix est respecté, la localisation ne sert à rien…
C’est donc dans un rare calme que la terrasse et la salle s’agitent dès midi, l’ardoise donnant à choisir entre un sablé parmesan-amande-caviar d’aubergine-coulis de poivron et olives kalamata, un cromesquis de pomme de terre et pulled pork sauce barbecue et salade de chou rouge, des tagliatelles fraîches sauce tomate-anchois câpres et mozza. Le pélardon ou la poire pochée chantilly au poivre de kampot rouge-financier au caramel réveillant les appétits encore assoupis.
En guise de mise en bouche apéritive, la terrine de campagne maison aux noisettes s’accompagne d’une bouteille de rouge (2019) de Christian Valensini (la Chapelle Saint-Bacchi) installé à Jouques. Cette cuvée Glouglou, composée de carignan, cinsault et cabernet met en relief un fruit charnu qui s’épanouit sur les saveurs chaleureuses de la terrine. Pour qui aime le poisson, la rillette de thon rouge de ligne gagne en vivacité, fouettée par l’acidulé de quelques grains de grenade harmonieusement associés aux pluches d’aneth.
Les tagliatelles fraîches sont parfaites, les câpres et anchois fouettant l’assiette de notes salées ; l’œuf parfait ne demandait qu’à déverser son jeune coulant sur un fond de petit épeautre encoquiné de caviar de courgettes et de mousse au parmesan. Nul besoin de saler ni poivrer, tout est harmonieux, ingénieux et généreux. Les assiettes sont copieuses, suffisant parfois aux petits appétits.
Alors faut-il y aller ? Oui parce que cette équipe respecte ses clients et propose un repas complet et copieux pour 20 €. On aura rarement trouvé mieux. Oui pour ce cake aux figues dans lequel des noisettes et des éclats de chocolat blanc sont venus de perdre, câlinés par une grosse quenelles de fromage blanc à l’acidité gourmande. Oui pour l’ambiance détendue et calme de ce bar de quartier revenu à la vie pour le plus bonheur de ses riverains. Oui enfin parce que les Eaux de Mars prouvent que le beau, bon, bio et raisonnable ça existe.
Les Eaux de Mars, 135, rue Consolat, Marseille 1er ; infos au 04 91 07 61 36. Déjeuner formules 14, 17 et 20 €.
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