Les vignerons des Bouches-du-Rhône traversent une période pour le moins délicate. « L’année 2020 a été déplorable, selon les propres termes de Jean-Claude Pellegrin, le président de la commission viticole à la chambre d’Agriculture des Bouches-du-Rhône. On a eu la fermeture des cafés et restaurants avec le confinement, la taxe Trump sur les importations aux USA des vins français, le Brexit et, pour couronner le tout, le gel du 8 avril 2021 qui a ravagé nos vignobles ». C’est dire si les inquiétudes pourrissent la vie quotidienne des vignerons depuis des mois. En résumé : – On a fait de très belles vendanges en 2020 mais on n’a pas assez vendu et en 2021, les vendanges seront pauvres à cause du gel », grince Pellegrin.
« A l’heure où le grand public est sensibilisé aux valeurs locavores, il nous semblait important de rappeler qu’avec quelque 350 exploitations viticoles dans les Bouches-du-Rhône et leur quelque 1000 salariés, il est plus que jamais vital de préférer les vins provençaux aux vins venus de plus loin » complète Sébastien Attias, le directeur du pôle végétal et agriculture de la chambre d’Agriculture du 13.
Martine Vassal monte au créneau
Un discours qui n’a pas laissé insensible la présidente du département, Martine Vassal, qui s’est fendue d’un courrier enjoignant les cafés, hôtels et restaurants du 13 à consommer les vins des vignerons des Bouches-du-Rhône. Dans une lettre adressée à l’Umih, principal syndicat des Cafés-hôtels et restaurants, et que le Grand Pastis s’est procurée, la numéro Un du département « appelle de ses voeux un effort de solidarité de tous les acteurs du territoire ».
En parallèle, une opération de communication menée par le Conseil départemental 13 et la chambre d’Agriculture invite à découvrir d’abord, et consommer, ensuite, les toutes les dénominations du 13. « C’est la première fois que les AOP, IGP font front commun pour inciter à la consommation locale, lance Jean-Claude Pellegrin. Un touriste ne vient pas en Provence pour boire des vins californiens, chiliens ou alsaciens aussi bons fussent-ils. Il y a dans ce département une mosaïque de territoires et de dénominations comme il en existe rarement ailleurs ». « Puisqu’on dit aux consommateurs d’acheter de la viande, des fruits, des légumes ou des poissons d’ici, il faut faire de même avec les vins, les vignerons des Bouches-du-Rhône aussi défendent les valeurs locavores », avance Fabien Doudon, vigneron et président de la coopérative de Trets.
Vins de Camargue : le conseil d’Etat pourrait trancher
Il est un autre combat que mène Jean-Claude Pellegrin et il porte sur l’interdiction qui pourrait être faite aux viticulteurs camarguais des Bouches-du-Rhône d’utiliser le terme “Terre de Camargue” sur leurs étiquettes au profit de vignerons… Gardois ! « C’est comme si moi, vigneron en Provence, je mentionnais sur mes étiquettes « vin de Romanée Conti », ce n’est pas plus absurde que ça », s’étrangle Pellegrin. Une PNO (procédure nationale d’opposition) a été ouverte et se clora le 17 juillet, elle permet à tous ceux qui le souhaitent de venir au secours des vignerons camarguais des Bouches-du-Rhône. « On va gagner, la Camargue est située entre les deux bras du Rhône, le reste, c’est de l’usurpation du mot Camargue, dit Pellegrin. Si l’Inao, Institut national des appellations d’origine, juge notre demande légitime, les collègues languedociens devront se trouver un autre nom ». Sinon ? « Sinon on ira devant le conseil d’Etat ! »
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