Ansouis, Lourmarin, La Tour d’Aigues… Réunis dans le sud du département du Vaucluse, ces villages emblématiques du Luberon comptent parmi les plus beaux de France ; on y admire châteaux et paysages façonnés par la main de l’homme depuis des siècles. C’est aux vignerons que l’on doit les plus belles perspectives de la région ; de Mirabeau à Lauris en passant par Maubec, Apt et Vitrolles, l’AOC (ou AOP, c’est pareil) vins du luberon couvre quelque 3220 hectares.
Joël Bouscarle, le président de l’appellation luberon, est un enfant de cette terre et il en est aussi l’un des principaux défenseurs : « Depuis plus de 10 ans, le respect du consommateur, la qualité de plus en plus pointue de la production et le virage vert ont contribué à un changement de mentalités » explique-t-il. Fini l’image du vigneron bio qui se limite à de petits rendements : « Pour être viable, la viticulture bio doit concilier respect de la biodiversité et volumes rentables ». A ce jour, les vignerons de l’AOP luberon qui se lancent dans la culture bio affichent une production de 25% inférieure à ce qu’autorisent les critères de l’AOC. Le bio représente 11% de la surface des terres cultivées soit 5% du volume total de l’appellation.
Démarches culturales réfléchies
Les vignerons du Luberon militent pour une approche éthique de l’agriculture. Outre les domaines estampillés bio, il y a aussi de nombreux acteurs qui « font bio sans le dire, affirme Bouscarle, parce qu’ils refusent de se laisser embrigader dans des carcans inextricables ». Guillaume Gros, du domaine Guillaume Gros, est de ceux-là, « faisant du bio plus que bio » mais refusant tout label car il se revendique « anti-système ». Et puis il y a les autres, ceux qui ont adopté une démarche « raisonnée » pour ne pas dire raisonnable. Ainsi des coopératives (on en dénombre 10) qui sont passées en « agri confiance » s’interdisant ou se limitant sur certaines molécules et utilisant à la place des « produits peu impactants ».
C’est dans cette catégorie que l’on retrouve Sylvain Morey, chantre de l’agriculture raisonnée. « Je travaille sur une quinzaine d’hectares, détaille le vigneron de la Bastide du Claux, et chacune des parcelles offre une riche combinaison de sols, de climats et d’expositions ». Chez Morey, le terroir est massivement sableux, terre bénie pour le grenache et les vins blancs. « Cet espace dicte mon travail : mettre en avant ses particularités, respecter ses équilibres naturels, garder le souci du geste juste ». Interdiction de tricher et de faire tenir à la vigne un discours autre que le sien. « Notre problématique est de produire des vins à boire tout de suite et qui puissent attendre quelques années en cave ». Et c’est aussi ce défi que l’appellation est en voie de relever.
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