
C’est un petit événement qui est quasiment passé inaperçu. Margaux Fary et Arthur Gozlan-Dantoni se sont installés dans l’ancien restaurant de Coline Faulquier qu’ils ont rebaptisé Luciole. Les deux amis d’enfance (« nos pères travaillaient ensemble et nous avons grandi dans le même immeuble au 3e et au 5e étage ») ont en commun les éclats de rire et une impressionnante volonté d’imposer un style mi-bistrot et mi-resto ; des assiettes harmonieuses, des jeux de textures, des couleurs qui laissent augurer les saveurs. « Je sors beaucoup le soir et j’ai remarqué qu’au dîner, les cartes cassent les codes et semblent aller vers l’amusement. Au déjeuner, il faut, au contraire, penser à équilibrer les assiettes, aller vite car les clients sont pressés, être rassasiant sans jamais être lourd », explique Margaux comme pour décrire sa démarche.

Régulièrement repensée, la carte laisse deviner la passion de Margaux pour les légumes, cette dernière ayant partagé quelques mois avec son ami Arthur, la vie potagère de Bruno Cayron, le talentueux maraîcher bio varois. On aime l’idée d’un tarama-focaccia et huile de poireau mais on se laisse surprendre par ces poireaux brûlés aux notes herbacées exacerbées que la chef nappe d’une sauce ciboulette-pesto ail des ours aux relents verts et herbacés. Les courgettes et pachoï snackés-taboulé d’épeautre et labneh fumé raviront les végétariens, le suprême de volaille jaune plaira aux carnassiers. La volaille se drape d’une crème de betteraves charmeuse, entre rondeur et suavité des pommes grenaille et jus de cuisson. Une composition comme un coucher de soleil rougeoyant en été.

Et comme un grand repas ne s’achève jamais sans chocolat, la ganache choconoir et crème montée cacahuètes aux cajou caramélisées devrait vous chavirer à moins que le moelleux amandes-coulis kiwi-thym et glace fior di latte, plus construit, n’ait votre préférence. Un café aromatisé aux sourires de l’équipe en salle et voilà qu’Arthur raconte le parcours de son amie chef, formée chez Coucou à Paris, avant de se jeter dans le grand bain Chez Ernest (association Ernest). « Margaux a ensuite quitté Paris en 2024 et enchaîné quelques résidences avant de rejoindre Marseille en Janvier 2025 »… Et la boucle est bouclée.

Alors faut-il aller chez Luciole ? Oui car le duo Arthur-Margaux tourne à plein régime. Oui car le rapport qualité-prix est excellent et pourrait même prétendre au Bib Gourmand Michelin. Oui parce qu’on aime cette pointe de sucrosité ici, cette virgule vinaigrée là, la rondeur noisettée d’un assaisonnement… Le menu du midi comme la carte du soir (et les assiettes à partager) se savourent comme une balade sur les sentiers, le côté paysan et terrien assumé. Une très jolie adresse qu’il serait injuste, voire coupable, de ne pas fréquenter.
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