Les cafés, bars et bistrots ont la cote et ne se sont jamais aussi bien portés. Dans le même temps, les tables gastronomiques voient s’enfuir un public terrorisé par des notes astronomiques et des présentations à la pince à épiler, un petit doigt en l’air… Le quartier Longchamp/Cinq Avenues est en passe de devenir le haut-lieu bistrotier de Marseille, comptant de très belles pépites dans le genre, des Eaux de Mars au Longchamp palace sans oublier le Belleville-sur-Mer, pour ne citer que les plus connus. Le Marché noir, lui, voit l’avenir en rose. Sandra, la sœur, et Hedi, le frère, enfants du quartier, ont repris cet ancien bar de coin de rue, idéalement situé, pour le relooker en veillant à conserver l’esprit quartier de l’enseigne, fédérant tous les âges et toutes les sociologies.
Gage de vertu, la partition verte est assurée par l’Epicerie paysanne de la rue Léon-Bourgeois, qui permet de renouveler l’ardoise chaque jour. Ce jeudi, Hedi a eu la bonne idée de proposer une tranche épaisse de polenta aux bordures croustillantes couverte de deux fines tranches de spianata, une charcuterie italienne de calabre relevée au piment. Quelques crudités se sont perdues là, de l’oignon, du fenouil, et des verdures assurent la partition fraîcheur de ce hors-d’oeuvre populaire savoureux.
Les gnocchis au poulet nokoss sont nappés d’une généreuse sauce à la crème fraîche aux notes dominantes de moutarde en grain et de vinaigre. De la salade, des cébettes, des radis et une carotte passés à la mandoline, des brocolis suffisent à alléger la composition. Une assiette savoureuse, surprenante, gourmande et joyeuse, la bonne humeur envahit la terrasse. Les conversations se font heureuses, signe que la cuisine a atteint son but.
Le dessert du jour, des quetsches et tranches de nectarines, nappées d’une sauce caramel parfaite, croustillent sur un sablé breton façon crumble et quenelle de crème battue. L’association avec un expresso est parfaite. Alors faut-il y aller ? Pour 24 € le repas complet café compris, on ne se pose plus la question. Il s’agit-là d’une cuisine sans ostentation, populaire, arrimée à la terre et à la fraîcheur des produits. Oui pour tous ces goûts francs et assumés et les efforts que déploie l’équipe (pain noir au charbon alimentaire, cocktail chambre noire, serviettes noires, aïoli noir pour les panisses) pour se renouveler chaque jour.
Le Marché noir, 235, bd de la Libération, Marseille 4e arr. ; infos au 09 83 57 02 80. Formule déjeuner 16 €.
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