Le succès des Dîners insolites organisés en juillet dans le cadre de MPG2019 a été tel qu’ils seront reconduits en 2020. Aux 15 rendez-vous initiés lors de la première année, on prévoit 30 Dîners servis entre juin et juillet. A l’heure où s’organise la saison, Marie-Josée Ordener revient sur cette merveilleuse aventure. « Ce concept, c’est celui d’une équipe, de gens qui se connaissent, se côtoient et s’apprécient, insiste cette femme très énergique au sourire facile qui cite pêle-mêle Fabrice (Lextrait, NDLR), Emmanuel (Perrodin, NDLR), Emilie, Camille, Bottam et toute l’équipe des Grandes Tables… Ces Dîners, c’est un agrégat de petites choses, des détails qui donnent du sens à l’histoire » confie-t-elle.
Initialement, Marie-Josée Ordener avait pensé à une déambulation entre le point d’arrivée des convives sur un site et le lieu où l’on y avait dressé la table : « On n’y est pas arrivé partout mais on le fera en 2020. C’est important car ça permet de se déconnecter du reste du monde et de son quotidien », promet celle qui a imaginé la longue table de 40 mètres, les sièges en bottes de paille, la vaisselle et une foule de détails.
« Y’en a qui mettent en scène, moi je mets en cuisine »
« La blague, c’est que personne ne croyait dans le dispositif que j’avais imaginé. J’ai choisi un arbre dans une scierie qui a été coupé en planches pour monter cette fameuse table. Le travail de Bertrand a été formidable, il a poncé les planches et « fait » le dispositif pour rendre ce rêve viable. Et puis il y a eu Emilie qui a cru à cette installation dès les débuts », souligne Marie-Josée Ordener pour qui le travail en équipe a été primordial. « Tout ce matériel, ça représente 6 tonnes à charger, monter et démonter… Je vous laisse imaginer ce que ça représente en été, en plein cagnard et jamais personne n’a rechigné, tout le monde a fait sien le projet »… Toujours portée par l’aventure humaine, –« il n’y a que ça qui compte » -, Marie Jo promet que l’équipe fera mieux et différemment en 2020 mais comme l’an dernier, le service courra sur 1h30, « c’est le temps utile à table quand on n’a que ça à faire. Libre aux convives de traîner à table s’ils le souhaitent ».
Et si finalement, le succès des Dîners insolites résidait dans leur déconnexion du temps ? « Nous avons voulu que nos hôtes vivent l’instant présent. L’assiette était importante bien sûr mais il fallait que tout le reste le fût tout autant ». Pour le montage et le service, 10 personnes étaient mobilisées auxquelles s’ajoutaient le chef invité et sa brigade : « Tous ont été précautionneux, ont fait attention à ne pas casser la vaisselle et ont toujours été volontaires. Ces équipes ont généré de la paix ». Les Dîners insolites ont recréé dans les campagnes et grands sites silencieux l’ambiance des banquets de village simples d’autrefois, « un truc d’été sans musique », souffle Marie-Josée Ordener.
Des marionnettes jusqu’au piano
Elle le revendique et l’assume : Marie-Josée Ordener n’est pas cuisinière, elle est « marionnettiste d’origine. Je vais dire un truc super méga prétentieux mais je suis ce que je fais dans l’instant, sourit-elle. Ici, on avance sans cesse sans jamais avoir le temps de se retourner ». Avec son complice Fabrice Lextrait et feu Philippe Saumande, elle a cofondé les Grandes Tables de la Friche Belle-de-Mai à Marseille. Originaire de Vaison-la-Romaine, elle est fille d’une famille de femmes cuisinières. « Mon grand-père vigneron a fondé la cave coopérative de Visans et mon autre grand-père était fermier. Chez moi, on échangeait un poulet avec du blé, j’ai grandi comme ça ». La musique et la cuisine ont toujours passionné ce profil aussi extraordinaire qu’atypique ; volontiers happée par le bruit, le rythme et les sons produits par une brigade au travail, « Marie-Jo » comme l’apostrophe Lextrait, trouve dans ce rythme une source d’inspiration. « Finalement, la cuisine et la musique ont les mêmes exigences » lance-t-elle. Obstinée, Marie-Josée Ordener s’est lancée tout récemment dans la fabrication de croissants avec de la farine de petit épeautre ou de la farine de guaimaro, « c’est la graine du noyer maya, avance-t-elle. Je me suis prise de passion pour cette petite graine qui contient tout. Je voudrais permettre aux gens du village qui la produisent d’en vivre ». Humaniste. Quant aux croissants ? Un miracle beurré mais pour les goûter, il faut être pote avec Marie-Josée…
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