« En venant ici, j’ai voulu faire quelque chose de plus moderne, confie Mathias Dandine. Dès mon arrivée au Relais de la Magdeleine, j’ai voulu associer mon équipe à l’instar de mon second, Alexandre Leard. Il n’est pas un faire-valoir, c’est quelqu’un qui accompagne pleinement la maison et son renouveau ». A l’heure du café, la profession de foi du maître de maison associe également Rudy Morel le chef pâtissier, Julien au service, Jérémy à la sommellerie… « C’est ma maison bien sûr mais c’est surtout notre maison commune », assure-t-il.
Dandine a fait ses premiers pas en cuisine à 14 ans, il en a désormais 52. Pour l’écrasante majorité des chefs, les années agissent tel un laminoir. Elles ont eu l’effet inverse chez ce chef varois dont le travail n’a jamais été aussi moderne et dynamique. A l’heure où beaucoup succombent aux charmes de l’Asie pour apporter une énergie nouvelle à leur cuisine, Mathias Dandine à la Magdeleine, en appelle à son intelligence. Et le résultat de ce travail d’équipe mené depuis 2019, est stupéfiant de créativité.
Du Lavandou de ses premières amours, le Provençal a gardé le goût du littoral : le thon est servi mi-cuit assorti d’une andine cornue confite-poivron snacking grillé condiment ail roussi, le lieu jaune de ligne est rôti accompagné de morilles des pins au vin jaune et mousseux à la réglisse, le rouget est passé par la plancha avec une spirale de courgette confite aux herbes soupe rouge au pistou. Un faux-filet de bœuf jersiais maturé ou un canard de Challans pêches confites au thym citron jus aux épices jouent la partition terrienne.
« Parfois, les mecs en font trop ou pas assez mais qu’est-ce que j’aime Marseille ! »
Mathias Dandine
Mathias Dandine à la Magdeleine, audace à tous les étages
Focaccia briochée, pissaladière à la pâte brisée donnent le la d’un repas qui tutoie les sommets. L’anchois frais cache des cannelloni miniature de courgettes à la marjolaine-jus de poisson citron vert. Les crevettes seront marinées à cru au citron vert-pesto de fenouil et nage de poutargue, une seconde assiette proposera un jus de presse des têtes en fin bavraois rafraichi au melon. Les partis-pris gustatifs sont audacieux, l’exécution fine et très délicate. La cuisine prend les paris et on la suit les yeux fermés. Le cabillaud confit à l’huile d’olive, qui se détache en fins pétales, sera le meilleur qu’on vous aura servi de longue date et fait figure de point d’orgue dans ce déjeuner sans faute.
Les desserts de Rudy Morel, merveilleux baba au rhum et l’écorce de chocolat de Tanzanie, placent ce dernier parmi les meilleurs pâtissiers du moment. Un talent, une finesse et une vision qui renouvellent le genre. Alors faut-il renouer avec le Relais de la Magdeleine ? Mille fois oui car du travail de Mathias Dandine, on dira qu’il fut, par le passé, académique et rassurant et qu’il est devenu audacieux et inspiré. Assiettes ciselées, cuisine impeccable de pureté, lisse et forte en identité. Oui la gastronomie provençale peut être contemporaine, moderne et impétueuse. Encore faut-il en avoir le courage et en avoir saisi toutes les finesses. N’est-ce pas Mathias ?!Dandine à la Magdeleine
La Magdeleine-Mathias Dandine, 2, rond-point des Charrons, 13420 Gémenos ; infos au 04 42 32 20 16. Menu déjeuner 85 €. Formules 125 et 170 €. Carte 125 €.
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