L’agitation gagne l’enfilade des salons Eugénie. Ce lundi 7 octobre, à midi, une petite file se forme sur le parvis du palais du Pharo. Quelque 158 convives sont venus pour un déjeuner Sans fourchette, un repas « avec les doigts » comme les définit son organisatrice, Fabienne Verdureau. Jouissant d’une vue impériale sur le port et la ville, le palais du Pharo a accueilli ce déjeuner hors normes, sous les regards bienveillants de Napoléon III et Eugénie de Montijo, tout de bois doré encadrés. « Le concept a été développé au profit des personnes victimes de handicaps invisibles, explique l’orthophoniste et neuro-psychologue marseillaise. Ce sont des personnes qui sont victimes de troubles de la mémoire, des hommes et des femmes souffrant d’Alzheimer, de sclérose en plaques ou de Parkinson ».
Dans l’évolution de leur pathologie, beaucoup de malades ne parviennent plus à se servir de leurs couverts et en viennent au geste premier, celui qui consiste à pincer l’aliment entre le pouce et l’index pour le porter à la bouche. Un réflexe naturel, banal qui permet aux malades, comme aux valides, de partager un moment de gastronomie et de fraternité. Sans fourchette
« Ce déjeuner a aussi permis de confronter la jeune génération à la diversité et à la solidarité »
Fabienne Verdureau
« Le Sans fourchette propose aux personnes souffrant de troubles neurocognitifs des sorties gastronomiques au restaurant, accompagnées de leurs aidants »
Parmi les nombreux participants de ce déjeuner, on dénombrait 5 maisons de retraites, des représentants de l’association France-Alzheimer antenne des Bouches-du-Rhône, « qui m’ont témoigné beaucoup d’émotion », se réjouit Fabienne. Le repas a été orchestré par 12 chefs, disciples d’Escoffier, parmi lesquels notamment Ludovic Walter, Gérard Habib, Jean-Louis Lesourd, sous la houlette du président de l’antenne locale, Alain Laporte. Le service a été assuré par 26 élèves du lycée hôtelier Grande Bastide, sensibilisés à la démarche et ce sont les élèves de la section œnologie du lycée de la Méditerranée, à La Ciotat, qui se sont chargés de déboucher les bouteilles et de verser quelques canons…
« La caisse de retraites Klésia et la caisse Pro BTP ont largement contribué au financement de ce rendez-vous, c’est pour nous une vitrine, ça nous aide à faire connaître notre action et à réunir des publics très divers pour les sensibiliser à l’action de Mémoire et Santé », a expliqué Richard Lepage, l’autre cheville ouvrière de l’événement, à l’heure du café. Reconnue d’intérêt général, l’association Mémoire et Santé a besoin de vos dons pour financer ses actions auprès des malades. « Et chaque don est déductible des impôts à hauteur de 66 % du montant », expliquait un comptable à ses voisins de table. Sans fourchette
Mémoire et santé, 58, bd Notre Dame, Marseille 6e arr. ; infos au 04 91 33 69 73. Infos site web ici.
Photos le GP et Pierre-Sylvain Vaisse
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