Beaucoup avaient parié sur l’ouverture du Mijoba. Son chef et promoteur, David Mijoba lui même, espérait, comme tout entrepreneur, que son initiative s’avérerait payante. Mais personne n’aurait pensé qu’en une semaine à peine, le restaurant afficherait complet à chaque service. A croire que cette première adresse, après des années d’itinérance, catalyse toutes les singularités de ce cuisinier au profil atypique dans le paysage marseillais. Dans un cadre pensé pour ne pas détourner les yeux de l’assiette, le chef met en œuvre sa cuisine à dominante végétale. Viandes et poissons font jeu égal avec les légumes, condiments et assaisonnements venant ponctuer chaque assiette avec finesse.
Du sashimi de pélamide du Frioul-vinaigre balsamique et navets Kabu, on retiendra les notes vertes, astringentes et douces en alternance, le croquant des côtes de salade et la douceur des chairs. La raviole de ricotta au lait cru-olives châtaignes et épinards évoque les gyozas rissolés sur plaque ; leur croustillance tranche avec le condiment olives noires et chicorée rouge, amertume et puissance.
Les saveurs et goûts se succèdent. Pour se remettre de vos émotions, il faudra goûter un verre de blanc, « Avant la tempête » un savoyard de 2021 signé Mathieu Apffel, un bel énergumène nature, salin et minéral élaboré à partir du jacquère, cépage inconnu en Provence. La pintade fermière rôtie est traitée avec un chimichurri vert fondue de poireaux-asperges blanches. De l’acidité, de l’ail, et nous voilà surpris par tant de nervosité et ces menus qui ont tant à dire. La poire rôtie baigne dans un sirop curcuma-miel d’acacia et s’égaye d’un sorbet kiwi-pomme agrume. Au risque de se répéter, la tension et la légèreté du dessert synthétisent un repas de très belle facture.
Inutile de poser la question : oui, vous pouvez réserver votre prochain couvert chez Mijoba. Outre l’excellent rapport qualité-prix de la formule déjeuner, on se délecte encore de ce repas qui nous sort de la torpeur hivernale. Tout au long du déjeuner, on sent poindre l’énergie renaissante des beaux jours. Le menu se décline en mode vert tendre, jaune et ocre. Bientôt, la chaleur du plein cagnard et la fraîcheur des volets croisés cohabiteront. Magnifique symbiose entre un cuisinier et les saisons.
Mijoba, 79, bd Vauban, Marseille 6e arr. ; infos au 04 91 92 03 53. Déjeuner, 29 et 32 € ; dîner, 55 €.
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