Comme toujours à la veille de la dégustation des vins primeurs, les syndicats de viticulteurs dressent un premier état des lieux. Coloré et structuré, 2013 s’annonce comme un millésime d’une grande fraîcheur pour le vignoble rhodanien.
« La qualité est au rendez-vous. Nous ne pouvons que regretter qu’il n’en soit pas de même côté quantités. Les caprices de la météo ont sérieusement réduit les volumes, classant le millésime 2013 parmi les petites récoltes », affirme Christian Paly, président d’Inter-Rhône. « Nous avons eu un printemps exceptionnellement frais qui a provoqué un démarrage différé de la végétation. On pensait que les fortes chaleurs de juillet rattraperaient le décalage, mais la nature en a décidé autrement, la vigne a poussé jusqu’en août et ne s’est concentrée sur ses fruits qu’en septembre » ajoute Pascal Jaume du domaine éponyme à Vinsobres.
Heureusement, le vignoble de la Vallée du Rhône et notamment son caractère venteux et sec, ont permis de conserver un état sanitaire parfait. Pour Albéric Mazoyer, Domaine Alain Voge à Cornas, «les coteaux ont beaucoup aimé la pluviométrie généreuse du printemps. La qualité des blancs sur Saint-Péray est superbe. De leur côté, les Cornas sont très colorés avec de beaux équilibres ».
La récolte a été très étalée entre les premiers jours de septembre, pour les secteurs les plus précoces, et la fin octobre pour les plus tardifs. Avec trois semaines de retard par rapport à la dernière décennie, elle revient à des dates auxquelles les vignerons étaient habitués dans les années 70.
Pour Alain Aubert du domaine du Grand Retour, au coeur du vignoble des Côtes du Rhône, « 2013 est un millésime de patience. J’ai retrouvé ma jeunesse » se réjouit-il. Du fait d’une concentration modérée en sucres, les degrés alcooliques du millésime 2013 seront moins importants que lors des années précédentes. Blancs et rosés se caractérisent par des arômes puissants et très fruités, un bel équilibre en bouche grâce à la vivacité naturelle du millésime.
Selon Guy Sarton du Jonchay, directeur général de Vidal Fleury, à Beaumes de Venise « nous avons une belle récolte avec de beaux raisins en Muscat, les vins doux seront de très bonnes qualité. Pour moi, le marqueur de ce millésime 2013 est une vivacité plus importante que d’habitude qui apportera de belles fraîcheurs. On constate déjà de beaux équilibres pour des vins rouges qui auront un bon potentiel de garde ».
« A titre personnel, je suis agréablement surpris par ce millésime 2013 ! Les Syrah sont superbes. Les blancs et les rosés sont lumineux, aériens et droits, des éléments valorisés par le marché ces dernières années » indique Frédéric Chaudière, du château Pesquié en AOC ventoux.
Pour Sylvain Morey, vigneron à la Bastide du Claux : « Sur l’appellation Luberon, les blancs sont très beaux, les rosés sont pâles avec de belles nuances violacées tandis que les rouges sont assez homogènes, avec des notes de fruits noirs et d’épices ».
En Costières de Nîmes, les premiers vins élaborés présentent beaucoup de couleur et de structure. Les tanins sont parfaitement mûrs et élégants. « Cette année, on a plutôt vendangé à la parcelle qu’au cépage, c’est une caractéristique du millésime qui s’annonce très bon sur les trois couleurs » indique Bernard Angelras, président de l’appellation.
Dans le nord de la Vallée du Rhône, Xavier Gomart, directeur général de la Cave de Tain, estime que 2013 s’inscrit dans la continuité de 2011 et 2012. Une trilogie qui complète une série d’années sans souci pour les appellations septentrionales.
La vallée du Rhône en chiffres
- Produits sur 6 départements, les vins de la vallée du Rhône représentent la première activité économique de la région avec 390 millions de bouteilles commercialisées en 2011/2012 dans 164 pays.
- Les vins de la Vallée du Rhône représentent : 70 414 hectares et 5000 exploitations viticoles ; 2,863 millions d’hl récoltés en 2012 et 390 millions de bouteilles commercialisées en 2011/2012.
- 1,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires ont été générés par les vins AOC de la vallée du Rhône.
- 46 000 emplois directs ou induits font de l’activité vitivinicole le 1er employeur de la vallée du Rhône.
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