L’année 2014 restera comme une année noire pour les oléiculteurs. Entre mauvaise météo, invasion de mouches et bactéries, les récoltes ont été catastrophique. Olivier Nasles, président de l’Association française interprofessionnelle de l’olive (Afidol) revient sur cette difficile période et sur l’état actuel de nos oliveraies.
En 2014, les oléiculteurs de Provence ont dû faire face à une invasion de mouches sans précédent, quelles en sont les origines ?
Olivier Nasles : Les mouches ont toujours été un problème pour les oléiculteurs, mais nous avions l’habitude de les combattre. Seulement, l’été 2014 a été très, voire trop pluvieux. L’humidité ambiante et l’absence de chaleur ont permis aux mouches de se multiplier très rapidement, et d’attaquer en masse les cultures.
A ce jour, quelle est l’étendue des dégâts ?
En 2014, on perdu près de 65% des récoltes, c’est dramatique. Selon notre dernière estimation, cela représente entre 30 et 35 millions d’euros de pertes pour la profession. Cette année 2014 a été un véritable coup dur pour nous, et ce qui m’énerve le plus c’est qu’on aurait pu l’éviter !
C’est-à-dire ?
Pour combattre la mouche, vous avez deux méthodes à votre disposition. Soit vous utilisez un insecticide ou une protection à l’argile. Dans le premier cas, vous devez effectuer seulement 3 à 4 passages dans le mois pour protéger vos arbres. Hors, compte tenu du grand nombre de mouches 7 à 8 passages étaient nécessaires. Beaucoup d’oléiculteurs ne l’ont pas fait, sous-estimant la gravité de la situation. L’autre option consiste à créer une barrière argileuse. En temps normal, vous recouvrez les olives d’une couche de terre qui empêche les mouches d’entrer dans le fruit. Et cela tient. Mais avec la pluie c’est une autre histoire… Tout disparaissait. Il aurait fallu repasser sur les cultures tous les dix jours, ça n’a pas été fait.
Vous avez pour l’occasion mis au point une méthode de lutte alternative contre la mouche, sans insecticide. En quoi consiste-t-elle ?
Les insecticides sont des produits chers et polluants. On a donc proposé aux oléiculteurs une méthode peu onéreuse et respectueuse de l’environnement pour se défendre. Il suffit de prendre trois ou quatre bouteilles transparentes, de les remplir avec un peu d’eau et du phosphate diammonique, un composé chimique qui attire les insectes. Un trou sur le bouchon, les mouches rentrent et se noient. Très pratique mais malheureusement cette méthode ne permet de protéger que les petites exploitations, des dizaines d’arbres tout au plus…
La bactérie Xyllela fastidiosa ravage les oliviers italiens depuis plusieurs mois. Avez-vous entrepris des mesures pour contre-carrer son arrivée en France ?
Je tiens déjà à dire qu’aucun cas n’a été recensé en France ou en Corse, contrairement à ce que certains médias ont affirmé. Les cas répertoriés sur l’Île de beauté sont en réalité infectés par une autre variante de la bactérie, beaucoup moins agressive. À part cela, c’est un risque majeur pour tout le réseau méditerranéen. Nous avons mis en place un système d’alerte avec un numéro à disposition de tout oléiculteur dans le doute ou désireux de s’informer. Notre but est de repérer très tôt les spécimens contaminés, et de les détruire le plus rapidement possible.
Sauvera-t-on l’année 2015 ?
A contrario, on a eu un été très chaud et sec. La mouche ne se reproduit pas avec des températures dépassant les 35 degrés. On n’aura pas une récolte exceptionnelle, mais on aura tout de même de quoi faire, et c’est déjà ça.
Recueilli par Kévin Dachez
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