Il y avait là un salon de massage proposant aux clients de se « reposer » au 1er étage dans des cabines. Les badauds du quartier de l’opéra ont bien changé et les commerces ont accompagné le mouvement avec, dernier arrivé en date, l’ouverture de l’Opéra Zoizo. Mélodie s’est entichée très vite de ce local et en a mesuré le potentiel. Elle l’a confié à son frère et à sa belle-sœur qui l’ont reconditionné, relifté, réaménagé pour en faire une adresse parmi les plus abouties du périmètre. Comédienne passionnée, titulaire de deux maîtrises, Mélodie a exercé de nombreux petits métiers dans la restauration pour financer ses études et a appris le métier sur le tas. De cette « école du terrain » est née une autre passion qu’elle donne désormais à déguster.
Mélodie a confié la cuisine à Auregan qui, forte de deux CAP boucherie et cuisine, conçoit une carte de belle tenue, revendiquant des produits piochés à 200 km à la ronde. Gaspacho lardé poivré, méli-mélo de pois-chiches-mousse de pélardon, poisson-tagliatelles de courgettes et aubergines-blettes colorées fumet maison, salade de petit épeautre aux légumes de saison-mozza-pesto de fanes de blettes brassent large, aguichent flexitariens et végétariens avec la même ferveur. Au déjeuner, le cochon cuit 12 heures, fumé au romarin et aiguilles de pin, accompagné de chips de couenne, se coupe presque à la fourchette et fond en bouche nous réconciliant avec la viande de porc.
La basse côte et ses irréprochables frites fraîches maison poursuivent sur la même lancée ; les bonnes idées animent chaque assiette à l’instar de ce yaourt aux fines herbes très frais et un tantinet acide qui réveille la viande de boeuf de sa torpeur bourgeoise, une assiette comme on les retrouve dans les brasseries de tradition. Une crème au caramel beurre salé plus tard, on plongera sa cuillère d’abord dans la chantilly puis dans le café, histoire d’apporter un peu de suavité à l’expresso de la torréfaction Mana à Aix-en-Provence.
Alors faut-il y aller ? Oui parce que cet Opéra Zoizo a ouvert voilà huit jours. Au fil de la journée, touristes et fine fleur de la gentry du centre s’y attablent avec ravissement. Oui parce que le rapport qualité-prix est excellent et parce que tout y est frais, cuisiné du jour dans un respect pour le client qu’on devrait inculquer aux gosses lorsqu’ils font une école hôtelière. Oui enfin parce que les yeux rieurs de Mélodie (son sourire demeure caché derrière un masque), témoignent d’un jouissif sens de l’humour que vous apprécierez forcément. En attendant la mise en vie du petit théâtre de 30 places au premier étage qui, lui aussi fera beaucoup parler…
Opéra Zoizo, 11, rue Beauvau, Marseille 1er ; infos au 06 80 71 18 58. Carte de 21 à 30 €.
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