L’amie Vérane Frédiani, auteur du livre à succès « Marseille cuisine le monde », un des best sellers de l’année des éditions La Martinière, confiait l’autre jour travailler sur un prochain livre. « L’Afrique cuisine en France », décrirait au fil des portraits de la nouvelle génération de talents africains, tout le potentiel de ces chefs, hommes et femmes, qui, comme naguère le firent le Japon et l’Asie, vont contribuer à revivifier la cuisine française voire mondiale.
Pour illustrer son propos, Vérane dit : – Viens, je vais te faire découvrir une nouvelle adresse pleine de promesses à la rue du Rouet ». En salle, Fatou, distribue ses sourires à une clientèle de bureaux qui a vite pris ses aises ici. Diététicienne en médecine chinoise, Fatou ne parle pas de régimes mais prône plutôt l’équilibre alimentaire. « J’ai fait l’école hôtelière de Dijon, en Bourgogne, confie la patronne née en Casamance, au Sénégal. J’ai toujours fait mes stages dans de petits établissements car je n’ai jamais été attirée par les grands chefs ».
Fatou a commencé dans le métier, seule fille au milieu des garçons, avec un couteau : – Au début, il faut se taire et éplucher les légumes. Il faut se taire pour montrer ce qu’on est et ce qu’on veut », explique-t-elle. Encadrée par des profs « un peu marginaux », la jeune sénégalaise a cultivé un style intuitif qui la caractérise désormais. « Je me suis beaucoup nourrie de mes voyages et je me suis affranchie du regard des autres car les clients m’ont donné confiance en moi ». Un caractère qui se retrouve à l’ardoise, avec un plat de viande (tajine de poulet aux fruits secs et pommes de terre), un poisson (filet de lieu noir au four et légumes), une assiette végétarienne.
Alors faut-il aller chez Poivre et Pastel ? Oui parce que la cuisine est confite, mijotée et soignée. Il résulte de chaque recette un étonnant sentiment d’équilibre et de légèreté. Oui parce que, cuite au vitaliseur de Marion, la chair du poisson est respectée et savoureuse. Les accompagnements de légumes sont fondants, presque confits et nul besoin d’assaisonner plus encore. Le mi-cuit au chocolat, emblème de l’Afrique, est proposé avec un chocolat à 64%, très intense et non sucré. Un petit bijou. Pour accompagner l’ensemble, un jus de gingembre et vous voilà conquis, nous sommes bel et bien face à la jeune vague africaine…
Poivre et pastel, 171, rue du Rouet, Marseille 8e arr. ; infos au 06 77 15 06 95. Ardoise de 15 à 20 €.
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