Le saviez-vous ? Dans le 7e arrondissement de Marseille, il y a un paysan nommé Antoine, inscrit à la Mutuelle sociale agricole. Antoine ne cultive pas un champ, mais exerce dans un espace partagé où il a accès à 30 mètres carrés pour sa production. Un lieu clos où il gère la lumière, la température et l’hygrométrie, trois paramètres essentiels dans sa culture des jeunes pousses. Coriandre, petits-pois, tournesol, radis, poireaux, capucines, fenugrec et autre fenouil sont bichonnés par ce reconverti de 35 ans. « Je fais des essais en ce moment sur le maïs et quand je serai satisfait du goût, je pourrai le soumettre à mes clients. En tout, j’ai une dizaine de références permanentes avec 5 autres variétés en rotation », explique le fondateur des Pousses d’Endoume.
Ancien chargé d’affaires dans l’industrie lourde, Antoine a longtemps commercialisé des brûleurs de cimenterie. Alors reclus chez lui pendant la Covid, il a le déclic en regardant un reportage de France3, « c’était Météo à la carte et y’avait un type à Lille qui faisait des graines germées. Je lui ai passé un coup de fil et posé quelques questions. J’ai acheté un petit meuble de culture et me suis lancé ». Restait à monter un business plan, engager une rupture conventionnelle et « pendant 18 mois, je ne me suis pas payé ».
Pousses d’Endoume, « semer et livrer » non stop
Les jeunes pousses sont semées sur un substrat dans des barquettes ; « c’est du bio mais il n’y a pas de réglementation, je n’ai aucun agrément bien que tout soit bio sauf la barquette », précise Antoine. Chaque barquette est vendue 6 € HT à des cuisiniers qui peuvent les conserver deux semaines au froid. « Il n’y a pas plus frais que mon produit puisqu’il suffit de couper les pousses pour les ajouter à l’assiette et servir. Je vends un produit vivant » assène cet agriculteur atypique qui livre à vélo électrique tous ses clients dans un rayon de 10 kilomètres, « difficile de faire plus court dans le circuit court ».
Nestou, Fonfon, le Petit Nice, les Grandes Tables de la Friche, l’Epuisette ou le Novotel figurent parmi les clients d’Antoine ; le marché marseillais est concurrentiel, peu ou prou une dizaine de marques ont investi le créneau de la micro-pousse. « Ça booste le goût, ça ajoute un plus sur une entrée ou un plat, je considère ça comme un exhausteur de goût », estime Wulfran du bar voisin le Baron perché qui parsèmera des pousses de petits-pois sur ses assiettes à midi. « J’ai commencé en 2021 avec une cinquantaine de clients. C’est un produit cyclique, certains commandent en été, d’autres en hiver ». Deux années se sont écoulées pour les Pousses d’Endoume et Antoine n’a aucun regret : – Je suis producteur, commercial, transporteur… J’ai la totale maîtrise ». Reconversion réussie.
Les Pousses d’Endoume, infos au 06 52 75 04 13.
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