Jean-Jacques Prévôt est à Cavaillon ce que le calisson est à Aix, partageant un point commun avec la cité du Roy René : une passion pour le melon. A Cavaillon, on va chez Prévôt pour célébrer les grandes occasions de la vie. C’est le restaurant institution qui ouvre les portes gourmandes du Luberon. Jean-Jacques a eu les honneurs du guide Michelin avec une étoile il y a quelques années et puis il est tombé en disgrâce sans qu’on sache ni comprenne pourquoi.
Plusieurs années, quatre ou cinq de mémoire, s’étaient écoulées depuis un dernier repas à Cavaillon jusqu’à ce que le mistral de la semaine dernière ne pousse la voiture jusqu’au restaurant du cuisinier poète. Et rien n’a changé : la salle toujours aussi vaste respire encore le confort bourgeois, l’argenterie brille toujours sur les tables et le personnel, s’il a changé, garde le sourire et la bonne humeur insufflés par le patron. Comme tout bon aubergiste qui se respecte, Jean-Jacques est partout, de l’accueil à la cuisine jetant toujours un oeil en salle pour vérifier que tout se passe bien.
Le menu du jour est une petite merveille qui donne un bel aperçu du style Prévôt. Quelques mises en bouche donnent le la : un croustillant de pomme de terre, un cannelé aux lardons et poivron, un velouté de butternut et crème de châtaignes. Tout est bon, bien assaisonné, les textures sont contrastées… Tous les indices d’un repas qui sera irréprochable sont réunis.
Dans une assiette, joliment dressés à la façon d’un jardin, quelques légumes de saison s’organisent autour d’un jaune d’oeuf cuisson parfaite. Cerfeuil tubéreux, betterave, carottes, navet, champignons pickles se combinent en notes acides, sucrées, terreuses, c’est fondant et coloré, joli comme un week-end d’automne. Le boudin de homard déclinaison de fenouil est nappé d’une sauce nantua dont on garde en mémoire la persistante saveur des carcasses broyées. La poire pochée enfin s’accompagne de céleri confit et d’une glace poire gingembre au caractère bien trempé et puissant.
Alors faut-il y aller ? Oui car la cuisine de Prévôt est légumière et n’a pas besoin de mots barbares (flexitarisme, végétarisme) pour prouver à quel point elle colle à l’époque. Le repas est léger, bien tourné et joyeux, on sent que la cuisine maîtrise son sujet. Oui car le service est très sympa, détendu en dépit des costumes, des nappes et de l’argenterie qui pourraient rebuter de prime abord. Oui, enfin, car le chef est un poète, un artiste, un passionné qui aime ses clients et cultive un sens rare de la fidélité. Tout ce que vous aimerez.
Maison Prévôt, 353, avenue de Verdun, 84300 Cavaillon ; infos au 04 90 71 32 43. Menu du jour 39 €, formules 60 et 82 €.
Comment ne pas aimer la vie après de si gentils mots concernant ce (Pastis ) partage aux amoureux de la cuisine régionale.
Un grand merci à vouloir nous encourager et à continuer sur des valeurs du patrimonial culinaire.
« Les joyeux guérissent toujours »
Jean -Jacques Prévôt
Cher Jean-Jacques, les années passent et notre goût pour les bonnes choses ne faiblit pas. Merci pour cette si savoureuse passion