« Ça s’est passé dans l’indifférence générale, c’était il y a 5 mois et puis ils ont fait table rase »… Un habitant de Sormiou raconte la destruction de la bâtisse qui abritait jusqu’alors le restaurant le Lunch. « Ils ont fait table rase »… Ce sont les buldozers qui sont venus appliquer cette fameuse loi littoral qui menace tant de cabanons et constructions en bordure de mer. Cette destruction n’a rien de surprenant ; déjà en janvier 2016, sous la plume de Laurent d’Anconna, la mort programmée du Lunch était annoncée : » l’Abricôtié (bd des Baigneurs, 8e) et le Lunch (calanque de Sormiou) […] sont en contravention à l’occupation, puisqu’elles n’ont plus de titre, confirme l’État. Par ailleurs, on constate un non-paiement des redevances. Nous sommes donc en procédure judiciaire » pouvait-on lire dans le quotidien La Provence.
L’an dernier encore, à Sormiou, deux cabanons avaient été détruits : « Franchement, ils ne dérangeaient personne », grommelle un vieux de la vieille de la calanque. Les connaisseurs de Sormiou s’interrogeront : va-t-on réserver le même sort aux cabanons loués par l’UCPA ? Sont-ils menacés ? D’un avis unanime, ce serait une perte pour la calanque car « tout le monde se félicite de leur présence » dit une mamie qui avoue adorer regarder les jeunes « faire le canoë et l’escalade (…) En plus, ils assurent une présence d’avril-mai jusqu’à fin octobre ». A ce jour, la plage de Sormiou, privée de son Lunch, s’est considérablement agrandie de presque quelque 50%. Les travaux qui ont été entamés sont restés en plan, laissant barrières et gravats à l’admiration de tous les touristes : « Ça donne un drôle de spectacle ni fait ni à faire comme on sait si bien le faire à Marseille » assène non sans ironie un habitant. Au beau milieu de tout ça, un algeco abritant un poste de police assure la sécurité mais il se murmure qu’un poste de secours et de police pourrait être construit. On s’interroge : pourquoi avoir démoli un bâtiment frappé d’irrégularité par la loi littoral si c’est pour en reconstruire un neuf quelques mois plus tard ?
Le Lunch avait connu son heure de gloire à la fin des années 1990 avec le chef Christophe Negrel (aujourd’hui en poste au Lauracée, rue Grignan) qui en avait fait un haut lieu gastronomique. Sa carte mêlant bouillabaisses et simples poissons grillés, vins blancs régionaux et spécialités légumières de toute première fraîcheur, avait transformé le Lunch en place to be incontournable. Les années qui ont suivi avaient connu des fortunes diverses. Le Lunch n’est plus, une page est tournée.