Il y a des années qui ne s’oublient pas. Pour Sarah Chougnet-Strudel et Lucien Salomon, 2022 sera celle de toutes les joies. Et le dimanche 11 septembre restera certainement parmi les temps forts de ces mois intenses en émotions. Il est midi et la jeune chef trentenaire monte sur la grande scène de l’Omnivore et se prépare à cuisiner durant 35 minutes. « Être sur la grande scène de l’Omnivore, c’est un honneur qui est venu bien vite. Ça fait 10 ans que j’y assiste à des démos de chefs et ce festival m’a ouvert plein de perspectives », confesse la co-fondatrice de Regain dont on mesure encore l’émotion. Ces douze derniers mois, Sarah Chougnet-Strudel et son acolyte, Lucien Salomon (ancien de la Cave de Belleville à Paris), ont coché toutes les cases : après l’ouverture de leur restaurant Regain rue Saint-Pierre, la notoriété marseillaise puis hexagonale a déferlé. Last but not least, il y a deux semaines, le duo s’est vu décerner le titre de meilleur Sophistroquet 2023 par le Fooding.
Entre autres réussites, le duo peut se targuer d’une belle entente et d’une enviable complémentarité. Le défi de la localisation de Regain est relevé : – On était sûr du jardin mais beaucoup moins de la rue, reconnaît Lucien Salomon. Il y a ici une vraie vie de quartier, on accueille beaucoup de riverains et de voisins au déjeuner ». Il y a aussi quelques interrogations : – En hiver, la physionomie du restaurant change entraînant une autre façon de travailler. Les services se font plus longs avec des clients qui s’attablent plus tôt et d’autres qui partent plus tard… De fait, on ne fait qu’un service et demi ».
« On a été bien accueilli, les curieux des premiers jours sont devenus des fidèles »
Lucien Salomon
La brigade de la première heure s’est étoffée pour atteindre un effectif de 8 personnes : – Le plus important c’est d’avoir constitué une équipe stable, se réjouit Sarah Chougnet-Strudel. Je construis ma carte avec Laurène de Souza qui y est pour beaucoup dans le succès du resto, elle apporte une vraie touche très personnelle ». Au fil des mois, la vision de Sarah et Lucien a, sinon changé, du moins évolué : – Nous connaissons tous nos vignerons et tous nos producteurs, on sait comment ils travaillent et nous partageons la même vision ». Les mois passent et la cuisine de Sarah s’est apaisée, « ponctuée par de belles touches d’originalité » comme on en rencontre dans le pastrami de thon-chou rave sauce aux algues-chili oil et condiment abricot-curry ou l’épaule d’agneau-betteraves sauce satay et labneh fumé. « Je pense que quand on est cuisinier, on peut toujours apprendre », souffle Sarah. restaurant Regain
Confrères, pas concurrents
Avec les copains de Limmat, des Eaux de Mars, de Bouillon, Caterine, Matthieu Roche ou Laetitia Visse, Sarah et Lucien cultivent un même esprit communautaire d’entraide, « il y a beaucoup d’échanges entre nous, à Paris, c’est beaucoup moins confraternel » confirme Lucien. « Ce sont des confrères, pas des concurrents » assène Sarah. « J’ai un rapport essentiel avec la mer et même si notre vie tourne autour du restaurant à 90%, savoir qu’il suffit de prendre son vélo pour aller sur la corniche, ça change tout », lance Lucien Salomon.
« On ne s’attendait pas à un tel succès et on a du mal à réaliser les choses même si tout ce que nous faisons est très concret. Dans les prochains mois, les choses vont encore changer et évoluer. Tant que notre clientèle comprendra notre façon de travailler, on se sentira libre », complète Sarah. Prémonitoire pour 2023.
Restaurant Regain, 53, rue Saint-Pierre, Marseille 5e ; infos au 04 86 68 33 20. Midi 25 €, soir 55 € et carte 40 €.
Photo Maki Manoukian
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