Un rooftop dominant l’entrée du port, des soirées d’été dont on a cru, après avoir bu quelques verres, qu’elles ne finiraient jamais et des grignotages de cuisiniers… Loin de se limiter aux fêtes d’été sur son toit, le Rowing club est aussi un restaurant avec quelques types aux larges épaules devant le piano. Christian Ernst, pour commencer, Yannis Lisséri ensuite. Deux solides personnalités doublées d’un talent technique et d’une certaine vision de la cuisine. Un sacré duo qui nous rappelle que s’attabler au Rowing est une fête.
Sur les coursives couvertes ou en salle, la lecture de la carte nous promène, de la campagne (courgette violon farcie de brousse-velouté de petits pois mentholé) à la mer (calamars à la marseillaise). Christian Ernst, on ne se refait pas, excelle dans le traitement des viandes (filet de bœuf, croustillant de pommes de terre-champignons et jus corsé, côte de veau rôtie-purée de carottes à l’orange et au cumin, carottes fanes et jus infusé estragon champignons laqués) et des poissons aux chairs robustes à l’instar de ce pavé de thon rouge aux agrumes-clafoutis olives taggiasche et jus acidulé. Quelques pâtes signées Coquillettes et Fusilli aux épinards-espuma stracciatella et les linguine aux copeaux de truffe et parmesan ancrent l’adresse entre Italie et Marseille.
Ernst a décidé que l’été était arrivé et que la fraîcheur s’imposait. Il en va du velouté de petits pois sucrés-mentholés dans lequel croquent des asperges juste crues et du méli-melo de pastèque et tomates cerises aux olives taggiasche. La feta marinée au balsamique est ensuite flambée au chalumeau, les assaisonnements dans la juste mesure et les équilibres offrent au final une belle assiette. On aime ce filet de saint-pierre snacké posé sur des légumes printaniers, le jus-sauce relevé aux agrumes donne envie de saucer à l’infini ce qui est le plus beau compliment qu’on puisse adresser à une brigade.
Dernier round : le carpaccio d’ananas vanillé, coloré de fraises bio de chez Marianne, quenelle de sorbet framboise. Un final fruité, une petite légèreté qui apporte une jolie note sucrée tempérée par l’astringence des jeunes pousses. Bien vu. Alors faut-il réserver sa table au Rowing ? Vous ne prendrez aucun risque car la cuisine maîtrise son sujet. Le binôme Ernst-Lisséri insiste beaucoup plus que par le passé sur le végétal et les assiettes gagnent en intensité sans rien perdre de leurs goûts. Belle ambiance, hyper décontractée, service à la cool mais très gentil. Ça faisait perpète qu’on n’était plus revenu au Rowing. Et c’est rassurant de voir qu’ici au moins, les fondamentaux perdurent.
Le Rowing club, 34, boulevard Charles-Livon, Marseille 7e arr. ; infos au 04 69 00 16 96. Carte, 50 € env.
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