L’adresse n’a pas encore 20 ans mais figure déjà dans le club des institutions. Quand vous entendez couramment dire « on se fait un Shangaï », vous vous doutez bien qu’en venant ici, on touchera le Graal. Et mieux vaut réserver sa table car venir au Shangaï sans avoir téléphoné au préalable vous range immédiatement dans la catégorie des doux dingues ou des chanceux invétérés. Samedi donc, à l’heure du déjeuner, la salle du Shangaï Kitchen est prise d’assaut par la communauté chinoise et des touristes… chinois en quête des saveurs du pays. La carte est intégralement rédigée en sinogrammes et en français, et il faut y voir là encore un indice de qualité évident. Le décor ? Des murs blancs, 9 petits cadres, 11 supensions, des tables et chaises en bois qui ont beaucoup perdu de leur vernis. Basta.
La carte des entrées ne s’aventure guère plus loin que les classiques raviolis et bouchons (vapeur, grillés, au porc, crevettes), le potage pékinois, les « rouleaux de printemps frits » et la poitrine de porc sauce à l’ail. En revanche, côté plats, des offres un peu plus audacieuses pourraient attirer votre attention : intestins de porc au chou saumuré ou sautés aux piments verts, poitrine vapeur sur feuille de lotus-poudre de riz d’épices. Les moins téméraires iront vers les crevettes croustillantes poivre-sel, le chou Shangaï sauté aux deux champignons ou le loup sauce vinaigre sucré.
Aujourd’hui, pas envie de jouer à Indiana Jones alors ce sera ravioli et bouchons, salade d’algues et champignons noirs. Concernant cette dernière, pas de quoi s’accrocher aux lanternes, c’est la même qui est vendue n’importe où dans les sushis restaurants. La poitrine de porc grillée et sauté de poireaux comme on le fait dans la province de SiChuan (celle du poivre) remplit sa mission ; le petit bonheur est allé se nicher dans des morceaux (avec les os) de poulet croustillants sautés aux piments secs et poivres de SiChuan… Accrochez-vous, c’est plutôt costaud côté piments.
Le cheesecake thé vert-yuzu vous aidera à franchir la ligne d’arrivée tout comme le haricot rouge confit-lait de coco et glace pilée. La salle commence à se vider et le rythme des allers-retours des livreurs Uber Eats finit par se calmer. Alors a-t-on passé un bon moment au Shangaï Kitchen ? Oui et les années ont beau défiler, le plaisir demeure. Pour ceux qui n’y ont jamais mis les pieds ou ceux qui ont oublié, une séance de rattrapage s’impose, c’est un ordre !
Shangaï Kitchen, 14, cours Jean-Ballard, Marseille 1er ; 09 54 68 60 62. Carte, 30 €.
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