C’est une ambassade, un consulat, une porte ouverte sur la Sicile dans ce qu’elle a de plus gourmand et de plus souriant. Liliane Casteldaccia a imaginé ce lieu hybride, mi-épicerie, mi-restaurant, une adresse connue des Italiens comme des adorateurs de la cuisine transalpine à Marseille et bien au-delà dans toute la région. La Sicile authentique accueille ses clients dans un quartier résidentiel, loin de tout commerce, c’est une adresse d’initiés qui fait désormais la fierté de sa fondatrice.
« On vient ici tout exprès pour la sélection des produits, pour manger aussi, assure Liliane non sans fierté. J’ai fondé ce magasin sans l’aide de personne, en 2012. Ah ça non alors, personne ne croyait en moi, surtout pas les banques, tonne-t-elle. Mais dès les débuts, j’ai senti qu’il se passait quelque chose… Quand on est honnête, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas. L’honnêteté c’est la clef de tout, le plus dur est de gagner la confiance des clients ».
Référence incontestable et incontestée
De la même façon que le fit Alessandra Pierini, à Mazargues d’abord, puis à l’épicerie Rap ensuite, à Paris, Liliane Casteldaccia a tout misé sur l’origine des produits car « ils transmettent une culture, ils racontent notre façon de vivre » dit celle qui travaille encore avec sa fille et sa sœur. On vient chez elle pour déguster tous les plats siciliens bien sûr et plus largement italiens. Risotti, arancini, charcuteries défilent à la carte, à dévorer sur place en temps normal et à emporter, en temps de restrictions sanitaires. « En France, vous êtes très attachés à la présentation des plats alors que chez nous, on est très porté sur le produit, manger sain nous a toujours beaucoup préoccupés, dit Liliane. Je sers une cuisine de maison, celle de ma mère, de ma grand-mère, de ma tante… Je fais tout mijoter, l’oignon, le céleri, les carottes, la tomate… Tout est travaillé et cuisiné à l’huile d’olive exclusivement avec un peu de beurre pour les recettes piémontaises » glisse-t-elle avec gourmandise.
Pâques, Noël et toutes les fêtes du calendrier religieux revêtent une importance primordiale en Italie et « en ce moment, on prépare la casa tiello, une spécialité du Sud pour Pâques, une pâte à pain farcie des restes de saucisson, jambon et parmesan. On lui donne la forme d’une couronne avec le centre garni d’oeufs en nombre impair. C’est cuit au four et c’est un délice » sourit Liliane Casteldaccia. Autres délices du moment, la colombe, « un panettone en forme de colombe qui préfigure la paix, le bonheur et la sérénité » déclinée aux noisettes du Piémont, pistaches ou chocolat.
C’est presque en pèlerinage qu’aujourd’hui les Italiens et fanas de produits italiens viennent à la Sicile authentique chercher les cannoli, le café du Florian de Venise, le prosecco de Vénétie, les pasta di semola di grano duro siciliano Busiata et la fameuse sauce tomates Gran Cucina, passata di pomodoro can basilico… « C’est moi qui vais en Italie avec le camion toutes les trois semaines, lance la cuisinière à l’accent joyeux. Je fais un aller-retour ou j’y passe trois jours, je vais voir les producteurs »… Sinon un pèlerinage, au moins une grand-messe. Un temple, une cathédrale de la cuisine familiale italienne caché dans un quartier improbable de Marseille. Une rencontre aussi truculente qu’insolite puisque l’adresse nous a été soufflée par Alexis Steinman, journaliste américaine correspondante à Marseille pour plusieurs titres américains… Le monde est vraiment petit.
La Sicile authentique, 36, impasse du Maroc, Marseille 12e arr. ; infos au 06 23 72 66 78. Epicerie et restauration sur place (à emporter en temps de restrictions sanitaires).
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