Ça ressemble à une envolée de moineaux. Dès qu’arrive midi, les portes du lycée Thiers laissent s’échapper les lycéens. Des nuées qui commentent leur nombre d’heures de SVT et l’annonce du prochain test d’anglais. Dans un quartier en totale « requalification », une litote dont raffolent les politiques pour dire que la rue est livrée aux pelleteuses, cette petite enseigne attire le regard. Il fait trop beau pour dresser les tables à l’intérieur, il faudra donc manger dehors au soleil en regardant les gamins assis sur les marches du théâtre du Gymnase en face en train de faire les guignols.
Le service est cool, très cool, comme si c’était un copain qui nous apportait la carte. Cette dernière inspire confiance : 3 entrées, autant de plats et de desserts. Sardines à l’huile-fenouil frit, toasts de foie gras poêlé-caramel de vin, épaule d’agneau confite 8h-tian de courgettes-purée de pommes de terre, crème brûlée, clafoutis aux prunes et miel au piment d’Espelette, des produits sains, une inspiration franche et saisonnière qui dessine les contours des intentions du patron. Chose rarissime, pour ne pas dire unique, la carte propose un entremets : chèvre frais-ciboulette, pata negra ou saint-marcellin, c’est ravissant.
La burratina appelle un tour de moulin à poivre et une pointe de sel pour exalter les humeurs d’un pesto d’épinards et tomates séchées. Le crémeux du fromage contraste avec l’acidulé des tomates, la brunoise de courgettes-oignons et poivrons à la façon d’une vierge, joue la note herbacée surlignée d’une pointe de ciboulette. Une fraîcheur toute estivale… Le filet de daurade est passé par la plancha et en a gardé sa croustillance appuyée surlignée d’un (gros) trait d’huile d’olive. Quelques tagliatelles de carottes, une tombée d’épinards, quelques haricots verts révèlent les trésors d’un potager d’automne. Restait ce très beau dessert, des figues rôties au chèvre frais à la façon d’un crumble baigné d’un sirop de belle facture. Tant d’harmonie laisse regretter une quatrième demi figue qui aurait été bienvenue.
Alors, faut-il y aller ? Oui car dans un quartier envahi par les frites, de si belles vocations méritent d’être encouragées. Oui car au déjeuner, le rapport qualité-prix de cette tête de chou donne le sourire tout comme ces vins au verre de derrière les fagots (Arpent des Vaudons de Jean-François Mérieau, sauvignon-touraine et les Petites Eaux bues, domaine Tabordet, pouilly fumé). Oui enfin car le service témoigne d’une vraie gentillesse, d’une sincérité qui donne envie de revenir.
Le Tête de chou, 11, rue du Théâtre français, Marseille 1er arr. Infos au 09 81 87 31 97. Formules déjeuner 13 et 15 €. Carte : 33 €.
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