On l’attendait, on piaffait… Travers a accueilli ses premiers clients, officiellement, le 9 mai dernier. Il y a bien eu quelques soirées de mise en jambes et le grand test du 8 Mai avec les festivités de l’arrivée de la flamme olympique, mais le 9 c’était le grand jour. Pour ce fringant bébé, Jules Mollaret, déjà propriétaire de Coquille, place Thiars, nous a sorti le grand jeu. Terrasses en façade, cheminée en fond de salle toute carrelée de jaune, un mur de 180 références de vins, tous bio a minima… Voilà pour le cadre. Côté équipe, Mattéo, qui a contribué à la renommée de Coquille, est détaché sur place tout comme quelques autres éléments aussi fiables que sympa. A l’accueil, Marine Bottari conserve son sourire et sa pêche. Cette fille est un monument de professionnalisme…
Ardoise rassurante
Le registre est clairement bistrotier, simple et qualitatif dans un style saucisse-beaujo. Le parti-pris viandard/terroir est assumé avec une ardoise qui vante les mérites du pâté en croûte ris-de-veau et cochon, de l’os à moelle en gouttière, de la macédoine de légumes au jambon blanc de l’Estaque et des maquereaux escabèche. Entre la double côte de veau et la côte de bœuf maturée à partager, le cœur balance. Pour réconforter et rassurer une clientèle remuée par les incertitudes de l’époque, cette carte régressive va en émouvoir plus d’un.
Plus de bœuf Wellington ce soir, pas grave, on reviendra. La table d’à côté qui a dégainé en premier, l’a commandé avec des haricots verts à l’ail et une ratatouille. Les œufs mayo, le jambon robiano 24 mois, la terrine de campagne maison et les asperges-œuf parfait béarnaise arrivent en éclaireurs et nous voilà prévenus : ça va être (très) bon. Un joli chablis de la maison Garnier et fils (100% chardonnay 2022) donne envie de trinquer tout le temps. A la carte, les amateurs de vins seront comblés par ce voyage dans le vignoble français : des vins de France, des AOC, de la Provence à la Corse, du Languedoc, à la Bourgogne à la Loire… Des « choses » merveilleuses comme ce côte de Nuits (AOP marsannay) du dom. Huguenot « Collection » 2022 à 52 € le col… Le binôme Mollaret-Bottari cogne très très fort.
En long en large et en Travers
Le cordon bleu croustille et s’accompagne d’un gratin dauphinois crémé ; la côte de cochon fermier suivie de frites ultra dorées donne le vertige. La palme d’or sera décernée à la joue de bœuf confite à la bouguignonne. Du chou-profiterole (attention à la pâte trop salée) au baba-chantilly escorté d’une bouteille de rhum, le dîner sera joyeux, savoureux, délicieux, heureux… Alors faut-il aller chez Travers ? Mille fois oui car on peut s’y attabler sans casser son PEL : 30, 40, 50 € voire plus, la formule a été intelligemment pensée pour accueillir tous les publics. A l’heure du départ, non sans avoir couvert de bises Marine, on laisse entrer un groupe de touristes. Ils mangeront bien, seront respectueusement servis et ne se feront pas assassiner par des chefs inquiets de payer le leasing de leur Audi. Et ils diront qu’à Marseille, ils se sont régalés !
Travers, angle place aux Huiles-rue Saint-Saëns, Marseille 1er. Réservations au 04 91 72 60 99. A partir de 30 €.
Ajoute un commentaire