
De l’ancien Tribeca, il ne reste que le néon rouge de l’enseigne. Tout le reste a été balayé avec l’arrivée de Marco, il y a 7 ou 8 ans. Originaire de Salerno, à côté de Naples, le pizzaiolo a mis ses pas dans ceux de ses aïeux qui, depuis le XVIIe siècle, s’établissent à Marseille en quête de jours meilleurs. Dans ses valises, Marco a soigneusement glissé « sa » recette de pizza napolitaine. Sur sa carte, on peut lire qu’il est « l’un des seuls, à Marseille, à respecter la vraie tradition napolitaine ». C’est rigolo mais, dans cette ville, dès que vous croisez un pizzaiolo, il est le dernier titulaire des secrets napolitains… Il est midi ; Marco entre en scène, surveille la terrasse du Tribeca da Mario, place les clients. Tablier en jean noué à la taille, ses yeux bleu vif sont sérieux. Autour de lui, un serveur et deux serveuses font le job comme rarement : sourires, gentillesse, l’une d’eux parle suffisamment anglais pour plaire aux touristes. Une carte papier circule pour ceux qui n’ont pas de téléphone permettant de QRcoder la carte.




Friture de calamars ou de petits poissons, carpaccio de bresaola, focaccia-charcuteries et burrata, l’entrée sera partageuse. Côté pasta, les rigatoni s’accompagnent de boulettes de bœuf et d’aubergines. Le gratin de gnocchis au feu de bois et les linguine aux palourdes : de grands classiques qui ne peuvent que plaire. Les carnassiers se jetteront sur la tagliatta de bœuf, sur une escalope milanaise et des côtelettes d’agneau.
Et puis il y a les pizze. D’abord les choses bizarres : pizza au saumon, aux gambas pesto et éclats de pistaches, à la crème de truffe-mozza et copaux de truffe (arrosée à l’huile synthétique car la truffe ne supporte pas les cuissons). Il y a aussi des valeurs sûres et authentiquement italiennes : margherita, siciliana (aux aubergines), diavola ou l’estate (crème de parmesan, mozza, pancetta et fleur de courgette).
On n’a pas résisté à cette Spicy Lolita, spécialité en deux cuissons (frite et four) mettant en scène une saucisse italienne, un cœur de burrata, de la nduja calabraise, du parmesan et de la tomate sèche (20 €). Ça c’est ce qui est écrit à la carte : en réalité, les tomates sont glaciales et gorgées d’eau au point de craquer sous la dent. La serveuse s’étonne, sans plus. Dommage car la pâte est bien levée, légère, ventrue et l’harmonie des saveurs aurait pu jouer à fond. Les lasagnes au jambon cuit, mozza-basilic sont copieuses, généreuses et réconfortantes mais elles étaient promises avec une boulette de bœuf… qui a dû se perdre en venant.
Alors faut-il aller chez Tribecca da Mario ? Oui car c’est une authentique adresse marseillaise avec des gens normaux, pas des ahuris qui demandent un « latte » au lait d’avoine dans leur café. Une adresse où les locaux sont reçus avec la même gentillesse que les touristes qui se plaisent beaucoup ici. Une maison qui accueille un type seul qui vient manger son assiette de paccheri allo scarpariello et boire son café, ou une tablée de copains venus se régaler avec une bouteille de vin rouge. Pas de manières, beaucoup de sincérité.
Le Tribeca da Mario, 200, quai du Port, Marseille 2e arr. ; infos au 06 22 40 66 76. Carte de 20 à 40 €.
Infos via Instagram
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