De prime abord, l’ancien bar de quartier a pris un sérieux coup de jeune. Une brasserie avec pignon sur rue coté face, un restaurant au calme côté pile. Lorsqu’arrive 12h30, on voit venant de-ci de-là des habitués descendre les quelques marches qui mènent à la terrasse. Pièce maîtresse de la salle : une longue table de partage en bois, ceinturée par des chaises dépareillées. Quelques ampoules au bout de fils tressés, des suspensions aux lignes pures… Le style nordique joue à fond une partition dans l’air du temps.
L’ardoise est revue chaque matin par le chef Sébastien Marquet. Le cuisinier, bien connu des Marseillais, a entamé sa carrière aux Arcenaulx des soeurs Laffitte avant de rejoindre Raymond Rosso à la grande époque de la Ferme, rue Sainte. Il a ensuite bossé aux côtés de Reine Sammut lorsque la Fenière créchait encore dans le village de Lourmarin puis rejoint les cotes calcaires de Marseille avec l’Epuisette (de Guillaume Sourrieu) avant de sanctifier la bouillabaisse de Fonfon durant 2 ans et demi. Résolument méditerranéenne, l’inspiration du jour portait sur un millefeuille de panisses à la brousse et mesclun, un velouté de chou-fleur au chèvre, une daube de sanglier-gnocchi de pomme de terre ou un pavé de lieu noir rôti-poêlée de légumes frais sauce au yaourt.
Les tables se remplissent, on tire les chaises, les habitués sont bel et bien là ; le feuilleté de lactaires (un champignon communément appelé sanguin) ouvre le bal dans un petit feuilleté beurré et réveillé de quelques morceaux de chorizo qui apportent une once de nervosité. Un peu d’oignon confit pour la gourmandise, une salade de jeunes pousses fraîches et tendres pour la touche verte, les assaisonnements sont équilibrés au mieux. Vient ensuite une belle assiette de raviolis au boeuf-pignons et crème de tomate que le chef a voulu (chal)heureuse. Tout ici respire la cuisine du quotidien, le geste maîtrisé transpire le bonheur qui règne en cuisine.
Le dessert, un sabayon à l’ananas et suprêmes d’orange, tout léger, se révèle dans un sirop infusé à la badiane. Le chef joue par petites touches, disséminant des surprises au gré des assiettes. Alors faut-il y aller ? Oui car vous trouverez dans cette Villa Estello le plus beau rapport qualité-prix qu’on puisse chercher. Des produits frais, une imagination qui puise sa source dans les classiques, un geste de professionnel et, surtout, une ambiance légère, simple, cool. Oui le bonheur existe en cuisine, on le trouve dès qu’on ne se colle plus la pression…
Villa Estello, 635 D8N, 13400 Aubagne ; résas au 09 86 74 15 05.
Déjeuner, 18, 20 et 22 €. Carte 31 €.
Ajoute un commentaire