Sur la vitrine, il est écrit « cantine gourmande ». Oubliez les préjugés sur les cantines, du moins aujourd’hui, et poussez la porte de Wood, à moins que vous n’ayez réservé en terrasse au soleil. Il vaut mieux réserver car, à 12h30, l’adresse est prise d’assaut et, aux beaux jours, la terrasse accueille jusqu’à deux services au déjeuner ! Le service est familier et complice avec les habitués, sympa avec les clients de passage. Amusez-vous à regarder l’ardoise au fil des jours : rien que des propositions intelligentes, renouvelées, entre bonnes intentions et belles réalisations.
La planche et ses classiques concurrence les suggestions du jour arrimées en façade. Vous n’échapperez pas au burger servi avec un pain maison, un peu de poitrine fumée et croustillante, du cheddar coulant sur des rondelles d’oignons rouges et une addictive sauce cocktail. Le demi-camembert rôti aux herbes de Provence joue le sucré-salé (avec quelques raisins) et le croquant (avec des radis), des patates rôties, une chiffonade de jambon ; le gravlax s’accompagne de lentilles-échalotes réveillées par des cubes de féta, quelques agrumes baies roses et des herbes… Le service bat son plein, il faut servir à toute vitesse un public qui n’a qu’une heure pour déjeuner. Les clients sont heureux, quelques touristes assis-là au beau milieu des Marseillais, se disent que le hasard fait bien les choses.
La salade César est parfaite, avec du parmesan, des anchois, un filet de poulet pané au panko : – Vous aimez les anchois ? » s’inquiète la jeune patronne… Oui oui, on aime les anchois, ceux-là surtout, en filets crus, charnus et délicieux. Rien à dire sur cette salade sinon qu’on en aurait bien mangé le double ; un effet sûrement dû à la sauce voluptueuse au goût salé aguicheur. La tarte aux pommes est servie en bandes tranchées, la brioche perdue tiède, aux relents de beurre, est nappée d’un trait de caramel salé. Un café et le soleil brille toujours, la terrasse est toujours aussi peuplée. Alors faut-il y aller ? Oui car les (très) bonnes tables du midi ne courent pas les rues ; oui car l’imagination se double ici d’un goût évident pour les compositions gourmandes ; oui car le service est convenable en dépit de l’urgence qu’il y a à servir tout le monde en même temps. Le bonheur ne tient qu’à un fil, un coup de fil car il faut toujours réserver pour être sûr de manger chez Wood.
Analyse aussi excellente que les mets recherchés proposés par cette « cantine gourmande », ma voisine.